Inauguré cette semaine à Madagascar, le centre de dialyse Aurar symbolise une grande avancée pour la population de la Grande Ile. Financé par l’association pour l’utilisation du rein artificiel à la Réunion, ce complexe permettra d’offrir aux malades des traitements de qualité ainsi qu’un suivi médical efficace.
Lorsqu’une personne souffre d’insuffisance renale chronique, cela signifie que ses reins n’assurent plus leur rôle premier, ne nettoient plus son sang. A Madagascar où les autorités sanitaires éprouvent de grandes difficultés à quantifier le nombre de victimes de cette pathologie, les chiffres donnés par les médecins du pays faisaient état de 3000 malades du rein en 2009, à Tananarive. L’insuffisance rénale chronique toucherait 1 habitant sur 1000 dans la Grande Ile.
Pour aider ces malades à vivre au quotidien en attendant une greffe (qui bien souvent n’arrive jamais tant l’offre est infime par rapport à la demande), il existe une machine appelée dialyseur. A Madagascar, un centre de dialyse existe bien mais il se trouve à Tananarivo. Aujourd’hui, se faire soigner à Tamatave c’est possible et c’est d’ailleurs une expérience totalement nouvelle. A raison de trois séances par semaine, les déplacements faisaient office de parcours du combattant pour les malades. L’inauguration d’un nouveau centre est donc vécue comme un événement puisqu’il permettra aux malades et à leur famille de suivre un traitement sans avoir à gérer ces contraintes liées au transport.
Bernard est technicien biomédical. Le "docteur machine" comme on l’appelle est à l’origine de cette structure médicale flambant neuve. Avec son association l’Aurar ( L’Association pour l’utilisation du rein artificiel à la Réunion), il a installé huit postes de dialyse ainsi qu’une salle de traitement d’eau et des lits d’hospitalisation pour que les patients puissent se reposer après leur séance de dialyse.
Pour concrétiser ce projet ambitieux, il aura fallu un mois et demi de préparation aux équipes de l’Aurar et deux semaines d’aménagement sur le site pour mettre en place le matériel d’une valeur de 150 000 euros.
Le centre inauguré cette semaine dispose d’engins perfectionnés. Avant de rejoindre les salles de dialyse, les différentes machines ont dû cependant passé près de quatre mois à la douane malgache. Ce délai correspondait au temps nécessaire pour remplir les démarches administratives essentielles à l’implantation d’une telle structure à Madagascar.
L’Association pour l’utilisation du rein artificiel à la Réunion a organisé le mois dernier son " tour de rein", opération visant à informer et sensibiliser les Réunionnais aux maladies rénales, afin de favoriser leur prise en charge précoce. Car découvrir et prendre en charge rapidement les facteurs de risque permettent d’ éviter sinon ralentir la maladie rénale.
Parmi les signes annonciateurs qui peuvent cacher une insuffisance rénale chronique, on retrouve :
- l’hypertension artérielle ;
- la formation d’oedèmes et le gonflement des chevilles ou des paupières,
- l’apparition de troubles digestifs avec un amaigrissement, une perte d’appétit, des nausées, une fatigue intense et des maux de tête ;
- des démangeaisons persistantes ;
- des troubles de l’humeur, du sommeil, la dépression.
Afin de traiter au mieux cette pathologie qui concerne autant les Malgaches que les Réunionnais, l’Aurar compte poursuivre son travail de communication à destination des populations.