Le président Nicolas Sarkozy a pris en main personnellement le dossier explosif de l’outre-mer, après un mois de crise sociale qui a dégénéré en Guadeloupe, annonçant sa venue sur place, une grande consultation et le déblocage de 580 millions d’euros.
Nicolas Sarkozy, critiqué pour avoir tardé à pousser le gouvernement ou à s’impliquer personnellement dans la crise, devrait aller en Guadeloupe en avril pour lancer des "états-généraux", une fois finies les violences qui ont fait un mort en marge d’une grève générale du collectif "contre l’exploitation outrancière" (LKP).
"Aujourd’hui, nous avons le devoir d’entendre nos compatriotes et nous avons, dans le même temps, le devoir de ramener la paix civile au plus vite", a indiqué M. Sarkozy lors de son intervention devant les élus d’outre-mer, en présence de François Fillon, Michèle Alliot-Marie (Intérieur), Yves Jégo (Outre-mer) et du délégué interministériel Patrick Karam.
Il a dénoncé un "déchaînement de violence aveugle" qualifiant la mort par balle d’un syndicaliste "d’assassinat".
Mais dans une allocution spéciale, il a aussi évoqué l’arrière plan historique du conflit, dans des territoires marqués par l’esclavage, parlant d’un passé fait d’injustice"et reconnaissant qu’il restait "beaucoup de chemin pour construire ensemble une République vraiment fraternelle.
Estimant que "nous sommes arrivés à la fin d’un cycle historique en outre-mer", il a proposé une série d’états généraux dans chaque collectivité d’outre-mer et annoncé un effort financier total de 580 millions d’euros dans les quatre DOM (Guadeloupe, Martinique, Guyane et Réunion).
Dans l’immédiat, Nicolas Sarkozy a confirmé que les médiateurs proposeront à Pointe-à-Pitre une solution permettant d’"arriver très près de la demande initiale de 200 euros supplémentaires" de salaire net réclamés par le LKP pour les bas revenu.
Le patronat ferait un effort financier en versant pendant deux ans une prime exceptionnelle, exonérée de toute cotisation sociale.
Les familles modestes toucheraient un revenu complémentaire sous forme de revenu de solidarité active, dont le versement a été avancé à 2009.
De son côté, le premier ministre François Fillon présidera une réunion interministérielle pour appliquer cette feuille de route autour des thèmes formation des prix, circuits de distribution et pouvoir d’achat, productions locales et développement endogène, gouvernance au sens large, chantiers de la relance et grands projets et rénovation du dialogue social.
Sur le sujet extrêmement sensible des prix, le Président de la République s’est dit prêt à "complètement remettre à plat" le système et à demander à la grande distribution de baisser ses tarifs.
L’évolution institutionnelle des collectivités et départements d’outre-mer, "n’est pas un tabou", selon Nicolas Sarkozy qui a dit être "favorable à la création d’une collectivité unique" par département, "si c’est le choix de la population".