Précédé d’une réputation d’eurosceptique, le Premier ministre britannique David Cameron va faire ses premiers pas européens lors d’un dîner jeudi à l’Elysée, suivi d’un déplacement vendredi à Berlin, où il sera question dans les deux cas de régulation financière en vue du G20 fin juin.
PARIS (AFP) - Précédé d’une réputation d’eurosceptique, le Premier ministre britannique David Cameron va faire ses premiers pas européens lors d’un dîner jeudi à l’Elysée, suivi d’un déplacement vendredi à Berlin, où il sera question dans les deux cas de régulation financière en vue du G20 fin juin.
Ce premier déplacement à Paris donnera aussi le ton de la relation entre David Cameron et Nicolas Sarkozy, qui n’avait pas caché ses réserves à l’égard du candidat Cameron et de son discours anti-européen.
D’autant plus le président français entretenait une bonne relation avec Gordon Brown, avec qui il avait mis au point au sein de l’UE et du G20 le plan de sauvetage du secteur bancaire, lorsque la crise financière avait éclaté fin 2008.
"M. Sarkozy était aussi l’ami de Bush, cela ne l’empêche pas de travailler avec Obama. Tout cela est de la diplomatie", relativise Christopher Chantrey, porte-parole du parti conservateur britannique en France.
Dès avant les élections du 6 mai, Nicolas Sarkozy s’était d’ailleurs voulu serein. "Si Cameron gagne, il fera comme les autres. Il commencera anti-européen et il finira pro-européen. C’est la règle", avait-il dit.
Le président français a d’autant moins de raisons d’être inquiet que la coalition des conservateurs avec les libéraux-démocrates a déjà obligé M. Cameron à mettre en sourdine certaines de ses promesses de campagne, comme le rapatriement à Londres de certaines compétences confiées à l’UE.
La nouvelle coalition s’est juste engagée à soumettre à référendum tout nouveau transfert de pouvoir vers l’UE, ce qui n’est de toute façon pas à l’ordre du jour.
"Les Britanniques sont de toute façon toujours très pragmatiques. Leur intérêt c’est d’être dans l’Europe pour contrôler ce qui se passe", observe un diplomate.
"On est de toute façon obligés de travailler ensemble pour préparer les positions européennes au sein des enceintes internationales comme le G20. Et l’UE a plus de poids si l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni sont d’accord", ajoute-t-il.
Paris et Berlin devraient sonder les positions des conservateurs britanniques, a priori très proches de celles la City, sur les projets de régulation et de taxation financières, qui seront une nouvelle fois au coeur du sommet du G20 à Toronto (Canada) fin juin.
D’une part, les Européens doivent encore convaincre tous les pays du G20 sur la nécessité d’une taxation du secteur financier pour compenser le coût du sauvetage des banques.
D’autre part, Paris et Berlin voudraient aller plus loin et plaident aussi pour une taxe sur les transactions financières. Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a même jugé que face à un refus britannique une telle taxe pourrait être instaurée dans la seule zone euro.
Le tout dans un contexte où les marchés financiers restent très nerveux et doutent de l’unité européenne après la décision unilatérale de Berlin d’interdire les ventes à découvert sur certains produits financiers.
Français et Allemands pourraient d’ailleurs reposer la question de la participation du Royaume-uni, premier partenaire commercial de la zone euro, au nouveau fonds de secours de la zone euro doté de 750 milliards d’euros.
Alors que la Suède et la Pologne, non-membres de la zone euro, se sont dits prêts à apporter leurs garanties, le précédent gouvernement britannique l’a catégoriquement exclu.
"Personne ne va leur forcer la main mais on est tous dans le même bateau. Si un pays de la zone euro s’écroule, c’est pas dans leur intérêt non plus. On est tous interdépendant", souligne la source diplomatique.