Quelque 664 cas de violences sexuelles sur des enfants ont été enregistrés dans 9 régions de Madagascar en 2013. 2 800 ont été dénombrées dans tout le pays, formé de 22 régions au total.
9 régions sur les 22 que compte Madagascar ont fait l’objet d’une vaste enquête portant sur la
violence sexuelle perpétrée sur des enfants mineurs de moins de 18 ans. C’est ainsi qu’a été mis au clair ce phénomène d’une ampleur de plus en plus grandissante. Car un total de 664 cas sur les 2 800 comptabilisés dans tout le pays y ont été enregistrés en 2013, rapporte
Orange.mg.
Ont été concernées par cette enquête, principalement les grandes agglomérations comme la capitale, ou encore l’île touristique de
Nosy-Be mais aussi la ville portuaire de Majunga.
Dans une édition spéciale, le site d’informations Orange.mg se fait l’écho de ces chiffres divulgués en marge de la journée mondiale de la lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants, célébrée mardi à l’hôtel Panorama, Tananarive.
Cette Journée, fruit d’une coopération entre le ministère de la Population, le ministère du tourisme, le secrétariat exécutif du comité national pour la lutte contre le Sida et le système des Nations Unies, a été une occasion pour le Premier ministre Omer Beriziky de signer, au nom du gouvernement malgache, une Charte pour la lutte contre les violences et l’exploitation sexuelle à l’encontre des enfants.
Placée sous le thème « la protection des enfants contre l’exploitation sexuelle : notre responsabilité collective », la Journée avait pour but d’interpeller les responsables nationaux à tous les niveaux à prendre leur responsabilité en matière de lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants. Le renforcement de la collaboration entre les communautés, les leaders d’opinion, les différents responsables et les autorités afin de briser le silence, dénoncer les pratiques d’exploitation sexuelle sur des enfants, et poursuivre les auteurs et rendre effective l’application des lois…fait partie des retombées positives attendues à l’issue de cette Journée.
Outre la violence sexuelle, l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales (ESEC), une pratique considérée comme l’une des pires formes de travail des enfants, atteint également un niveau effarant à Madagascar, où près de deux millions d’enfants travailleurs ont été recensés. Les cas les plus fréquents portent sur l’utilisation, le recrutement ou l’offre d’un enfant à des fins de prostitution, de production de matériel pornographique ou de spectacles pornographiques… bref des activités, de par leur nature ou les conditions dans lesquelles elles s’exercent, sont susceptibles de nuire à la santé, à la sécurité ou à la moralité de l’enfant, relate Orange.mg.
« Les enquêtes menées par l’ONG Ecpat France sur la prostitution dans la Commune Urbaine d’Antananarivo en 2013 ont révélé que sur 1,237 prostitués enquêtés, 1,132 avaient moins de 18 ans. Les études réalisées par l’ONG ‘Groupe Développement’ sur la prostitution des enfants dans les villes d’Antananarivo, Mahajanga et Nosy-Be en 2011-2012, ont soulevé que l’âge d’entrée des enfants dans la prostitution commence à partir de 13 ans. Dans la plupart des sites enquêtés ces dernières années, les enfants victimes d’exploitation sexuelle interrogés ont identifié les visiteurs étrangers et nationaux parmi leur clientèle », indique un communiqué officiel transmis à la presse locale.
Le premier ministre Omer Beriziky a de son côté affirmé que « la protection des enfants contre l’exploitation sexuelle est notre responsabilité à tous. Le gouvernement malgache s’engage et s’associe au monde entier à travers la signature des conventions, à travers une prise de position ferme contre toutes formes de violences et d’exploitations à l’encontre des enfants. Nous nous engageons à prendre les dispositions nécessaires pour lutter contre ce fléau qui est en train de ruiner notre société ».
S’exprimant dans le cadre de son rapport 2014, la Rapporteuse Spéciale des Nations Unies sur la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie impliquant les enfants, Najat Maalla M’jid, après une visite à Madagascar du 15 au 26 juillet 2013, ne cache pas « sa vive préoccupation quant à la banalisation de l’exploitation sexuelle des enfants et à l’impunité dont jouissent les auteurs de ces crimes. Et recommande l’encouragement du gouvernement à adopter une approche transversale centrée sur les droits des enfants, en vue d’établir un cadre stratégique national de protection intégrée de l’enfance. Cette stratégie de protection intégrée de l’enfance permettra de mettre en place des systèmes intégrés de protection conformes aux normes internationales en la matière ».
Enfin, Sara Bordas Eddy, Représentante adjointe de l’Unicef, réitère que « l’institution onusienne partage les préoccupations et les recommandations de la Rapporteuse Spéciale. La lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants est un travail de longue haleine qui nécessite un fort engagement de l’Etat non seulement dans la prévention effective mais aussi dans les réponses et les répressions. L’UNICEF renouvelle son soutien total et complet pour accompagner le Gouvernement à mettre en place cette stratégie de protection intégrée de l’enfance ».