Jo-Wilfried Tsonga a une nouvelle fois été trahi par son corps, cet instrument à la fois si performant et si fragile, dimanche en huitième de finale de Roland-Garros, où il a dû renoncer au bout d’une demi-heure de jeu face au Russe Mikhaïl Youzhny.
PARIS (AFP) - Jo-Wilfried Tsonga a une nouvelle fois été trahi par son corps, cet instrument à la fois si performant et si fragile, dimanche en huitième de finale de Roland-Garros, où il a dû renoncer au bout d’une demi-heure de jeu face au Russe Mikhaïl Youzhny.
Toute la France du tennis, dont le Manceau était le dernier représentant après une première semaine calamiteuse, craignait le pire depuis vendredi.
Victime d’une contracture au fessier au cours de son match contre le Néerlandais Thiemo De Bakker, il s’était alors fait une violence inouie pour arracher la victoire, malgré la souffrance.
Mais toute la volonté du monde n’aurait pas suffi dimanche. Contraint de compenser cette faiblesse, le Français s’est de nouveau blessé, peut-être au même endroit, peut-être à un autre muscle. Lui-même ne pouvait le savoir avant d’avoir passé des examens plus approndis.
"J’ai réveillé la douleur, puis au fur et à mesure c’est devenu un calvaire", a dit le N.1 tricolore, contraint à l’abandon après un premier set lâché 6-2.
Ce coup dur, s’il fait plus mal que d’autres parce qu’il gâche le tournoi dans lequel Tsonga tient le plus à briller, n’est malheureusement qu’un épisode supplémentaire dans le décourageant feuilleton de ses pépins physiques.
En fait, on l’oublierait presque tant il a pris une place éminente dans le paysage français, le Manceau est un miraculé. Affligé d’une hernie discale, un des maux les plus incompatibles avec la pratique du tennis, il a semblé un moment perdu pour le sport professionnel.
C’est au prix d’une opération, d’une longue rééducation et, déjà, grâce à une ardente conviction, qu’il a pu faire ses vrais débuts sur le circuit en 2007, à l’âge déjà avancé de 22 ans. Mais ses ennuis étaient loin d’être terminés.
Quelques mois après son fabuleux parcours jusqu’en finale de l’Open d’Australie en 2008, il repassait entre les mains des chirugiens pour se faire retirer un ménisque déchiré. Conséquence : pas de Roland-Garros ni de Wimbledon lors d’une saison qu’il allait pourtant terminer au Masters !
D’où le sentiment rageant de voir son énorme potentiel saboté par la poisse. Et encore ne parle-t-on que des accidents les plus graves, car les matches que Tsonga a disputés sans être à 100% de ses possibilités sont innombrables.
Quel dommage ! Car lorsqu’il tourne à plein régime, le corps sculptural de Tsonga (1,88 m, 91 kg) lui donne l’ascendant physique sur pratiquement tous ses adversaires. Surpuissant, rapide, réactif et endurant, le Manceau est l’un des plus formidables athlètes du circuit.
Quelle frustration aussi, quand on a le sentiment de faire tout ce qui est possible pour réussir -entraînement, hygiène de vie, implication mentale de tous les instants- de constater que la nature vous met autant de bâtons dans les roues.
"On n’est pas tous égaux. Il y en a qui courent plus vite que d’autres, il y en a qui ont des fragilités physiques. Ce n’est pas quelque chose que je peux réguler, étant donné que je fais tout pour être au top", a-t-il souligné.
"J’ai engagé un kiné cette année pour être avec moi tout le temps, même quand il n’y a pas de tournoi. Mon ostéo me suit aussi beaucoup. Je prends toutes les précautions qu’il faut. Aujourd’hui c’est un coup du sort. C’est comme ça."