Le tennis français compte sur Aravane Rezaï, Jo-Wilfried Tsonga et Gaël Monfils pour briller à Roland-Garros mais espérer les voir succéder à Mary Pierce et Yannick Noah paraît encore prématuré.
PARIS (AFP) - Le tennis français compte sur Aravane Rezaï, Jo-Wilfried Tsonga et Gaël Monfils pour briller à Roland-Garros mais espérer les voir succéder à Mary Pierce et Yannick Noah paraît encore prématuré.
Chaque année, le rituel de la fin mai, qui consiste à jeter un oeil au palmarès du tournoi parisien, devient un peu plus pénible. Chez les femmes, passe encore : au moins, le sacre de Pierce en 2000 appartient à ce siècle.
Chez les hommes en revanche, ça commence à virer à la déprime. Dernier Français vainqueur à Roland-Garros et en Grand Chelem tout court : Yannick Noah, en 1983. Lui-même n’en revenait pas dans un entretien au journal l’Equipe mardi, le jour de ses cinquante ans : "vous vous rendez compte ? Vingt-sept ans !"
En écoutant Gaël Monfils, demi-finaliste en 2008, quart de finaliste en 2009 et sans doute encore la principale chance française cette année, on comprend que cette longue traversée du désert pèse aussi aux joueurs. Et que l’héritage est décidément difficile à porter.
"Il y a beaucoup d’attentes sur le prochain Yannick Noah. On nous compare toujours à lui. On dit qu’il était plus fort mentalement. C’est un peu dur mais on travaille. On a tous très envie d’inscrire notre nom à côté de celui de Yannick. On essaye de faire comme lui mais pour l’instant ça nous sourit un peu moins." Pourquoi ? Le diagnostic du N.2 français et N.15 mondial est assez simple : "il y a des joueurs plus forts que nous sur le circuit."
"Il ne faut pas se leurrer. Nadal a quand-même des stats improbables sur terre battue et Roger (Federer) va toujours au minimum en demi-finale. Depuis cinq ans, ce sont pratiquement toujours les mêmes qui gagnent les Grands Chelems", dit Monfils, ce en quoi il n’a pas tort puisque Federer et Nadal ont raflé 18 des 20 titres Grand Chelem décernés depuis Roland-Garros 2005. Seuls Novak Djokovic et Juan Martin Del Potro ont réussi à en grappiller un.
Tsonga est le dernier Français à s’être approché à une victoire du but, en parvenant en finale de l’Open d’Australie il y a deux ans. Aujourd’hui le N.1 français, dont le jeu d’attaquant rappelle un peu celui de Noah, a fait de Roland-Garros, où il fut huitième de finaliste à sa première participation l’an dernier, son principal objectif de la saison.
Mais son expérience limitée sur terre battue - 28 matches sur le grand circuit depuis la début de sa carrière - et sa saison mitigée sur la surface - 5 victoires contre 4 défaites dont la dernière sur abandon (lombalgie) - n’offrent pas à ce jour une garantie fantastique, même s’il est rétabli.
Derrière, on peut toujours espérer un coup d’éclat, qui ne viendra pas de Gilles Simon, forfait, mais pourquoi pas, du talentueux Richard Gasquet. Prudent, le Biterrois, de retour après une année gâchée par son contrôle positif à la cocaïne, dit ne "pas tout miser sur Roland Garros où (il) risque d’avoir un premier tour difficile".
Chez les filles, avec les mauvais résultats de Marion Bartoli et Alizé Cornet, c’était morne plaine jusqu’à ce qu’Aravane Rezaï remporte le tournoi de Madrid dimanche dernier en battant trois ex-N.1 mondiales au passage.
Consciente qu’elle est devenue en moins d’une semaine "une cible" pour les adversaires (et les medias), la Stéphanoise doit désormais faire face à la fameuse pression qui en a écrasé plus d’un à Roland-Garros. Son sort à Paris dépendra d’abord de sa capacité à y résister.