Clermont, en décrochant le premier Bouclier de Brennus de son histoire, a découvert le bonheur d’un titre et l’art de gagner, aboutissement d’un apprentissage en forme de calvaire jalonné par un siècle de frustration et dix finales perdues, dont trois lors des trois dernières années.
PARIS (AFP) - Clermont, en décrochant le premier Bouclier de Brennus de son histoire, a découvert le bonheur d’un titre et l’art de gagner, aboutissement d’un apprentissage en forme de calvaire jalonné par un siècle de frustration et dix finales perdues, dont trois lors des trois dernières années.
"C’est inimaginable, c’est monstrueux ! Il y a tellement d’efforts, d’années de sacrifices et, en 80 minutes, tu découvres ce moment magique, c’est indescriptible. On est même un peu en retenue parce qu’on a du mal à réaliser qu’on est champion de France", s’exclamait après le match le troisième ligne Elvis Vermeulen.
Samedi soir, dans les entrailles du Stade de France, les Clermontois peinaient à décrire ce sentiment longtemps rêvé : celui d’être champion.
"La récompense est là. Ça faisait trois fois que je voyais les autres aller soulever le bouclier et nous en bas", rappelait l’entraîneur néo-zélandais Vern Cotter, "fier" de voir son groupe et l’ambitieux projet de jeu qu’il a initié en 2006 atteindre enfin son objectif.
Etiquetés "perdants magnifiques" avec leurs dix finales perdues (1936, 1937, 1970, 1978, 1994, 1999, 2001, 2007, 2008, 2009), les Auvergnats ont remporté le titre lors d’une de leurs saisons les plus difficiles.
"Ça a peut-être été l’année la plus dure pour nous au niveau des résultats, de la constance... Mais ça nous a forgé un caractère", soulignait le pilier Thomas Domingo, cape jaune et bleu sur le dos et casque à cornes de supporter dans les mains.
Moins dominateur que lors des dernières saisons, l’ASM a connu une saison en dents de scie alternant performances remarquées (victoires contre Leicester en Coupe d’Europe, à Toulouse et Biarritz en Top 14), matches poussifs et victoires laborieuses... et une défaite traumatisante d’un point (28-29) en quart de finale de Coupe d’Europe chez les champions en titre du Leinster.
"On s’est servi de ce match référence malgré la défaite. On avait serré les rangs, on avait vu un nouveau visage de Clermont", raconte Domingo.
Pour accéder en finale du Top 14, les Clermontois ont également dû disputer un match de barrage remporté avec opportunisme contre l’ultra-réaliste Racing-Métro, puis se sortir après prolongations d’une demi-finale piège face à un RC Toulon revenu sur leurs talons à la dernière minute du temps réglementaire.
"La différence avec les dernières années ? Certainement le mental, la maîtrise. Avec les matches qu’on a eus précédemment, on a pris de la confiance", soulignait Julien Bonnaire.
Emmené par ses internationaux (Domingo, Pierre, Bonnaire, Lapandry, Parra, Malzieu) qui avaient fait, dans le vestiaire du Grand Chelem du Tournoi des six nations, le serment de revenir au Stade de France pour remporter la Coupe d’Europe ou le Brennus, Clermont s’est découvert gagneur.
Son pack est devenu dominateur, condition sine qua non à la mise en place du jeu de mouvement auvergnat, l’équipe s’est trouvé en Morgan Parra un +chasseur de démons+ qui a décomplexé ses partenaires avec le culot de ses 21 ans et s’est révélée plus agressive et roublarde que les années précédentes.
Reste à voir comment l’ASM assumera désormais son statut de champion. Crispera-t-il un groupe qui sera l’équipe à battre la saison prochaine ou le révèlera-t-il ? "L’appétit vient en mangeant", répond le talonneur argentin Mario Ledesma.