Perdu de vue depuis deux ans entre exil anglais (Sunderland) et grec (Panathinaïkos), Djibril Cissé, blessé en 2006 et banni en 2008, n’a pourtant rien lâché et se voit récompensé avec un retour fracassant en équipe de France à l’occasion du Mondial-2010, laissant sur le carreau Karim Benzema (Real Madrid).
PARIS (AFP) - Perdu de vue depuis deux ans entre exil anglais (Sunderland) et grec (Panathinaïkos), Djibril Cissé, blessé en 2006 et banni en 2008, n’a pourtant rien lâché et se voit récompensé avec un retour fracassant en équipe de France à l’occasion du Mondial-2010, laissant sur le carreau Karim Benzema (Real Madrid).
13 minutes en bleu en deux ans : le chiffre est dérisoire mais ce temps de jeu famélique aura suffi pour convaincre le sélectionneur d’emmener l’ancien Auxerrois. Alors que plus personne n’y croyait, que les places en attaque semblaient déjà attribuées, Cissé s’est accroché pour arracher in extremis son billet, huit ans après sa première et unique participation à une Coupe du monde.
Le vent semblait avoir tourné depuis son départ en catimini et en hélicoptère du stage de Tignes juste avant l’Euro-2008. Domenech lui avait à l’époque préféré Bafétimbi Gomis et Cissé voyait une nouvelle phase finale lui passer sous le nez, après avoir déjà manqué le Mondial-2006 pour une terrible fracture tibia-péroné en match de préparation contre la Chine, le 7 juin 2006 à Saint-Etienne, et l’Euro-2004 (suspension après une exclusion chez les Espoirs).
+Djib+ (28 ans, 38 sélections, 9 buts) a d’ailleurs sans doute été le seul à croire à sa réhabilitation alors que son transfert au Panathinaïkos Athènes à l’été 2009 pouvait s’apparenter à un enterrement de première classe. Même avec ses 29 réalisations, toutes compétitions confondues, et le titre de meilleur buteur du championnat (23 buts), il pouvait difficilement rivaliser sur le papier avec Benzema, néo-galactique du Real Madrid, ou même André-Pierre Gignac (Toulouse), l’un des hommes de base de Domenech durant la campagne de qualification.
Mais le sélectionneur avait été très clair ces dernières semaines, fustigeant les "egos" et promettant des "coups de fusil" aux récalcitrants. Benzema, jamais vraiment en cour auprès de Domenech et auteur d’un terrible aveu après son entrée en jeu en fin de match lors de France-Roumanie, le 5 septembre 2009 ("Je n’avais pas envie de tout donner"), pouvait alors commencer à se faire du souci et Cissé espérer un éventuel rappel.
Sa convocation pour le match amical contre l’Espagne (défaite 2-0), le 3 mars, était certes due aux forfaits en cascade touchant l’attaque des Bleus (Gignac et Benzema) mais ce soir-là Cissé, entré en fin de match, avait été le seul à surnager et à faire se soulever un public du Stade de France déchaîné devant la piteuse prestation de son équipe nationale.
"La Coupe du monde, j’y crois dur comme fer, je ne lâcherai pas jusqu’au bout", n’a cessé dès lors de marteler Djib.
Comme par hasard, sitôt le championnat grec terminé, Cissé s’est d’ailleurs rendu dans le centre de remise en forme de Robert Duverne, le préparateur physique de l’équipe de France, pour être prêt le jour J. Un geste que Domenech a forcément dû apprécier.
Malgré le couac de 2008, les liens entre Domenech et Cissé, qui remontent à l’époque des Espoirs (finale de l’Euro-2003), n’ont de fait jamais été distendus et le technicien français lui devait une petite revanche après l’épisode douloureux de Tignes.
Au moment d’entamer sa dernière compétition à la tête de l’équipe de France, il était également logique que Domenech, échaudé par le précédent fâcheux de l’Euro-2008, s’appuie sur des joueurs mobilisés, à l’écoute et prêts à se sacrifier pour les Bleus. Le portrait-robot de Cissé en quelque sorte.