Mathieu Bonnier, un vétérinaire de 52 ans, originaire de St Martin d’Uriage (Isère), s’apprête à tenter l’impossible en juillet prochain : franchir en solitaire sur un canot à rames, le fameux passage du Nord-Ouest qui relie l’Atlantique au Pacifique en passant entre les îles arctiques du grand nord canadien.
PARIS (AFP) - Mathieu Bonnier, un vétérinaire de 52 ans, originaire de St Martin d’Uriage (Isère), s’apprête à tenter l’impossible en juillet prochain : franchir en solitaire sur un canot à rames, le fameux passage du Nord-Ouest qui relie l’Atlantique au Pacifique en passant entre les îles arctiques du grand nord canadien.
Ce passage du Nord-Ouest, entre le Groenland et le détroit de Béring, en partie libre à une difficile navigation lors de la fonte de la banquise pendant les trois mois de l’été polaire, a évidemment été déjà emprunté une trentaine de fois depuis 1906 (le premier fut l’explorateur norvégien Roald Amundsen qui mis trois années à le franchir) par des bateaux à moteur ou voiliers équipés de moteurs.
Mais jamais en solitaire et jamais sur un petit canot de 7M de long, 1,40m de large et 160 kg (construction en matériau composite kevlar/carbone), à la seule force des bras, accompagné d’un unique équipier à quatre pattes, son chien Tico, un husky d’Alaska.
"Ce défi constitue une synthèse entre mon expérience de montagnard, ma connaissance du grand nord et la navigation hauturière que j’ai découvert en 2009 en participant à la course à la rames "Rames-Guyane", explique Mathieu Bonnier.
S’il n’avait fait "que" 2e lors de cette transatlantique, c’est lui, le montagnard, néophyte de la mer qui avait créé la surprise et animé l’épreuve. Hors de son milieu naturel des cimes enneigées et étendues glacées, il découvrait l’immensité liquide de l’océan avec ses propres lois et contraintes.
"J’y ai mis toute ma volonté, toute mon endurance acquises lors de mes courses en montagne ou dans le grand nord. Mais je me suis un peu ennuyé. L’eau à 360°, sans un paysage, une rencontre, une découverte, ce n’est pas vraiment mon affaire", dit-il.
Mais l’homme est un athlète. Il pratique l’une des disciplines de la montagne les plus difficiles, le ski-alpinisme, où l’on monte en peau de phoque avant de dévaler les pentes.
Je suis aussi marathonien, triathlonien et musher". Son coeur au repos bat à 40 pulsations/mn.
Il découvrit le grand nord en 2006 en traversant seul à skis l’Alaska avec Tico, son husky, harnaché à sa pulka de plus de cent kg de matériel. Il ne faisait que moins 43 °C, se souvient-il.
Mais le passage du Nord-Ouest est une autre affaire. La région est mal cartographiée, les vents anarchiques soufflent de ci et de là dans les chenaux qui serpentent autour des centaines d’îles glacées, territoire des dangereux ours blancs au large du continent canadien.
"Je pars début juillet de Thulé, à l’extrémité nord du Groenland, prévoit Mathieu Bonnier. La première partie du voyage sera de la navigation pure sur l’océan Arctique, jusqu’à Resolute Bay, la base canadienne. Mais à partir de Resolute, et c’est ce qui me plait, ce sera de la navigation de cabotage, avec toujours un rivage en vue et je l’espère des rencontres avec des pêcheurs inuits".
Bonnier, à l’inverse de nombre "d’aventuriers professionnels", ne revendique aucun alibi écolo ou pseudo étude scientifique pour son aventure.
"Mais il sera toujours intéressant de voir si ces populations du grand nord ressentent un réchauffement climatique et comment elles le vivent", se borne-t-il à dire.
Le passage du Nord-Ouest entre le Groenland et la ville de Nome en Alaska, est long de 6.000 km. L’été boréal dure trois mois. Bonnier s’arrêtera donc en septembre à mi-chemin, lors du retour des grands froids, mettra son canot au sec et reprendra son aventure en juillet 2011.