Le premier atelier régional de lutte contre le blanchiment de l’argent de la piraterie s’est déroulé aux Seychelles en début de semaine, avec la participation des experts de la COI (Commission de l’Océan indien).
« Les réseaux criminels ont injustement retenu en otages plus de 2000 marins, dont plusieurs Seychellois. Nos pensées et nos prières sont avec nos deux compatriotes toujours retenus en otage », déclare le chef de la diplomatie seychelloise, Jean-Paul Adam, qui assure la présidence tournante du conseil de la COI (Commission de l’Océan Indien), lors de l’ouverture de l’atelier régional de lutte contre le blanchiment de l’argent de la piraterie aux Seychelles.
« Au-delà de ces tragédies individuelles, la piraterie maritime menace toute la région, et toute la planète directement et indirectement. En effet, elle a modifié les routes maritimes, elle a augmenté le coût du transport et elle affecte les conditions de vie des populations de tous les Etats de la région… La piraterie est un frein à toute tentative d’intégration régionale », ajoute l’actuel président de la COI.
Selon lui, « seul le développement de la coopération anti-blanchiment entre les Etats de la région mettra fin à l’impunité des vrais responsables de la piraterie ».
Dans son discours, le Secrétaire général de la COI Jean Claude de l’Estrac a abondé dans ce sens : « La lutte contre le blanchiment de l’argent de la piraterie est un aspect essentiel du combat mené contre ce fléau, au même titre que l’appréhension et le jugement des pirates en mer. Elle permet d’atteindre directement les décideurs de la piraterie pour leurs crimes passés, et elle réduit leur motivation à poursuivre leurs actions criminelles ».
Cet atelier, prévu dans le cadre du projet d’appui au démarrage du programme régional de sécurité Maritime (MASE), a réuni durant deux jours des représentants des pays de la COI, dont les Comores, la Réunion, Madagascar, Maurice et Seychelles. Des organisations régionales comme la COMESA regroupant le Kenya, l’Ouganda et la Somalie, mais aussi l’Union européenne, ainsi que des experts de l’Interpol, de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, et du Centre régional de coordination du renseignement et des poursuites judiciaires contre la piraterie (RAPPICC) ont également pris part à la rencontre.
« Cet atelier est chargé d’identifier les lacunes respectives des Etats au niveau de leur législation nationale et de l’échange d’information, afin que les flux financiers associés à la piraterie puissent être ciblés avec succès », a rapporté le directeur de l’Unité anti-piraterie Jacques Belle.
Selon les estimations de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), les rançons versées aux pirates depuis 2011 s’élèvent à 130 millions d’euros, soit une moyenne de 5 millions d’euros pour chaque opération. Le plus souvent, cet argent emprunte le circuit de blanchiment avant de s’incruster dans les systèmes financiers légaux de la région.
Source : Nations.sc