Les chiffres de l’Education à Mayotte s’améliorent au fil des années, bien que le niveau reste généralement en dessous de la moyenne nationale. Les effectifs de la population scolaire augmentent à un tel rythme que les infrastructures ont du mal à suivre, rapporte Mayotte Hebdo qui commente le 5e numéro du fascicule Education en chiffres, publié par le vice-rectorat de Mayotte.
Premiers bons signes : de plus en plus d’enfants sont scolarisés sur le tout nouveau département. L’Education nationale à Mayotte compte ainsi 82.293 élèves, dont 15.673 en maternelle, représentant une hausse de 57,3% par rapport à 2003 ; 34.922 en élémentaire, soit 15% de plus qu’en 2003, 21.305 en collège, soit 72,2% de plus qu’en 2003 et 10.393 en lycée, soit 73,1% de plus qu’en 2003.
Au-delà de ces chiffres encourageants, « les structures peinent à suivre, les écoles sont passés, entre 2003 et aujourd’hui, de 190 à 195, les collèges de 16 à 18, les lycées de 7 à 10 », relate Mayotte Hebdo.
Malgré le manque cruel d’infrastructures d’accueil, le taux de scolarisation progresse et s’élève à 67% pour les enfants de 3 ans, 87% pour les 4 ans et 92% chez les 5 ans et plus. Dans le détail, le nombre d’enfants en CP n’ayant pas suivi le cycle de "pré-scolarisation" a baissé de moitié, passant de 14% en 2007 à 7% en 2011.
Du côté des classes spécialisées, les chiffres sont également positifs. On dénombrait en 2011, 82 élèves en Ulis, 362 en Segpas et 600 autres sont attendus en 2012, alors que ces types de classes spécialisées n’existaient pas en 2003.
Au lycée, « c’est le cycle professionnel qui connait le plus grand boom avec une augmentation de ses effectifs de 98,7% depuis 2003 », écrit sur son site Mayotte Hebdo.
En ce qui concerne l’enseignement supérieur, le département de Mayotte n’est pas en reste, et les chiffres parlent d’eux-mêmes. Ainsi, les effectifs des étudiants inscrits pour le cursus de techniciens supérieur ont plus que doublé en 9 ans, passant de 117 en 2003 à 275 en 2011, selon
Mayotte Hebdo, qui s’appuie des données fournies par le vice-rectorat.
Concrètement, l’IFM totalise aujourd’hui 291 étudiants en formation universitaire. Quelque 287 candidats avaient été recensés en 2007 pour le concours externe à l’issue duquel on dénombrait 40 lauréats. Alors qu’ils étaient 436 candidats pour 100 lauréats en 2011. Au niveau de la formation continue des professionnels enseignants du 1er degré, une forte hausse a également été observée : on comptabilisait 14.142 journées stagiaires en 2007 contre 25.178 en 2011.
En dépit de la hausse généralisée de la population scolaire à Mayotte, le niveau reste bien en deçà de la moyenne nationale. Néanmoins, les indicateurs du vice-rectorat montrent une amélioration progressive au fil des années. En clair, le taux d’enfants ayant un âge normal en CP est passé de 69,4% en 2003 à 89,4% en 2011. En CM2, les chiffres sont portés à 51,2% en 2011, contre 23,9% en 2003. En d’autres termes, plus de la moitié des élèves ont un "âge normal" à leur entrée en 6e.
Cependant, « les résultats aux évaluations de CE1 et de CM2 démontrent les lacunes invraisemblables des jeunes mahorais », souligne Mayotte Hebdo. A titre d’exemple, les évaluations de CE1 en français montrent que 60% des élèves ont des acquis insuffisants, alors même que cette même proportion d’enfants a des acquis très solides en métropole, relate le journal mahorais.
Par conséquent, le nombre des élèves ayant un âge normal au moment de leur entrée en collège reste relativement bas par rapport à la moyenne nationale, même si le taux suit une tendance à la hausse, passant de 20,9% en 2003, à 35,3% en 2007 et à 52% en 2011.
Au collège, les chiffres sont prometteurs puisque 86,7% des élèves ont eu un parcours normal entre la 6ème et la 3ème contre 52,23% sur la période 2000-2003. Pour ce qui est du premier diplôme scolaire, le Brevet, outre l’évolution du nombre de candidats, de 2.299 en 2003 à 4.033 en 2011, le taux de réussite s’est également amélioré, passant de 63% à 73,7%.
Chez les lycéens mahorais, la courbe est aussi orientée vers le haut. 71,6% des effectifs ont un parcours normal entre la 2nde générale et technologique et la terminale, contre 59,3% en 2003. De ce fait, le nombre de candidats au Baccalauréat a explosé : de 14 en 1984, à 2.706 en 2011, d’après les données du fascicule 5e Education en chiffres, publié par le vice-rectorat.
Si le nombre des candidats au Bac a augmenté, les résultats étaient plus ou moins à la hauteur des attentes. 68,8% des lycéens inscrits au bac général ont empoché leur diplôme contre 50,7% en 2003. Pour le bac technologique, le taux de réussite a progressé de 60,2% à 62% et le bac professionnel de 55,6% à 74,6% en 2011. En gros, la proportion d’une génération ayant le bac est passée de 18% en 2003 à 48% en 2011.
De nombreux élèves ont par ailleurs choisi d’intégrer un lycée hors de Mayotte. Ils sont prioritairement affectés dans l’ouest de la France métropolitaine, précise Mayotte Hebdo. Ceux qui optent pour un cursus de techniciens supérieurs obtiennent leur BTS à 59,8%, contre 45,4% en 2003. Le reste, qui choisit les formations de licence 1 et 2 dispensées à l’IFM bénéficie d’un taux de réussite de 49%, contre 32% en 2003.
Enfin, la hausse de la population scolaire et l’amélioration du niveau ont un prix. « Si l’effectif explose et le niveau grimpe, c’est aussi le cas du budget du vice-rectorat qui a triplé en 9 ans, passant de 116,9 millions d’euros en 2003 (76% de salaires, 8% d’investissement et 16% de fonctionnement) à 307,9 millions d’euros en 2011 (81% de salaires, 8% d’investissement et 11% de fonctionnement) », conclut Mayotte Hebdo.