Une information publiée par Le Point.fr met à l’index les méthodes du groupement d’intervention régional (GIR) de Mayotte.
L’information mise en ligne sur le site Le Point.fr ce lundi 24 juillet risque fort de faire l’effet d’une bombe au sein du groupement d’intervention régional de Mayotte. En effet, le quotidien s’est procuré une copie d’un laissez-passer déguisé que le GIR aurait délivré à un de ses indics clandestins.
"L’intéressé est témoin dans une affaire judiciaire traitée par notre service et ne doit pas faire l’objet d’un APRF (arrêté portant reconduite à la frontière, NDLR). En cas de contrôle, contacter le chef du GIR, capitaine Gautier, au 06..., ou le maréchal des logis-chef Papa, au 06...", peut-on lire sur le document publié sur le site d’information Le Point.fr.
Ce laissez-passer, dûment signé par le Groupement d’intervention régional (GIR) de Mayotte, a été établi au nom d’un certain Saidou Waadi Mze, dit SWM, un clandestin devenu indicateur malgré lui. Recruté par le GIR après son arrestation en décembre 2010, cet homme aurait été chargé par les gendarmes de faire la basse besogne : notamment faire circuler de la drogue dure pour appâter les trafiquants ou encore organiser les traversées illégales des kwassa-kwassa pour coincer les clandestins au tournant.
Mais lors de sa première mission, il a dû jouer l’espion au sein d’une entreprise locale. "On m’a dit : Saïd, il y a une mission très importante à faire. On m’a dit que je dois contrôler des personnes qui travaillent à la Somaco (une chaîne de supérettes à Mayotte, NDLR) et donner leurs noms. C’était au mois de décembre 2010, après ma garde à vue. C’était ma première mission", raconte le clandestin qui balance les gendarmes devant le juge Hakim Karki, en charge de l’enquête sur la mort par overdose de Roukia.
"De nombreuses autres missions auraient suivi", et ce durant six mois, relate Le Point. Mais un beau jour, en dépit de "ses bons et loyaux services", l’indic s’est fait interpeller et a été condamné à deux ans de prison pour aide au séjour irrégulier. Malgré ses nombreuses tentatives d’intervenir auprès du GIR, le passeur a été incarcéré depuis mai 2011. Encore aujourd’hui, il séjourne derrière les barreaux. De plus, il s’est vu signifier 5 ans d’interdiction de territoire français.
C’est depuis sa cellule de prison que SWM a dénoncé ses anciens recruteurs, qu’il appelle " tontons". Il se dit "scandalisé d’avoir été… trahi par la France", rapporte Le Point.fr.
"Le GIR a profité de la misère de mon client et de bien d’autres. Ce genre de pratique est scandaleux et honteux", s’insurge son avocat. Et il ajoute : "Il est inconcevable que des gendarmes agissent de la sorte sans l’aval explicite ou tacite de leur hiérarchie, du préfet ou du parquet".
En revanche, l’enquête autour de cette affaire peine à voir le jour du côté du tribunal de Mamoudzou car "le juge Karki semble en butte depuis plusieurs mois aux pressions de sa hiérarchie",d’après Le Point.fr.
"L’État utilise tous les moyens pour étouffer cette affaire. Comment expliquer que ce soient les gendarmes qui enquêtent sur les méthodes de leurs propres collègues ?" fustige Yanis Souhaili, l’avocat de SWM, qui s’interroge : "Que fait-on du principe de neutralité ?"
Source : Le Point.fr