Les syndicats mahorais se déchaînent suite aux propos du vice-recteur de Mayotte, François-Marie Perrin, qui avait critiqué " l’accent des élèves mahorais " lors d’un débat retransmis en direct sur la radio locale Kwezi FM le 27 mai dernier. Les fédérations locales du Snes et SNUipp appellent à une journée de grève ce mercredi 15 juin à Mamoudzou pour réclamer le " départ de Mayotte " du vice-recteur, en poste dans l’archipel depuis la rentrée 2010.
François-Marie Perrin qui débattait de " la maîtrise de la langue française " avec Yann Durozad du Snes (Syndicat national des enseignants du second degré) vendredi 27 mai a déclenché la polémique pour avoir fait la remarque suivante : "Il y aussi la problématique de l’accent (…), (il est important) que nos enfants puissent s’exprimer couramment sans accent devant les gens qui vont leur donner un travail et devant l’ensemble de la société ".
François-Marie Perrin a après coup tenté de rectifier le tir mais sans parvenir à éteindre les controverses. Il a expliqué que " son affirmation mettait en parallèle l’accent des Mahorais à l’accent des jeunes défavorisés de quartiers populaires de la périphérie des grandes villes". Une explication de texte qui n’a fait qu’envenimer les choses.
Pour le Snes, le vice-recteur a impunément stigmatisé l’accent des élèves mahorais. "Il fait une nouvelle distinction entre bons et mauvais accents ; on ne peut plus parler de dérapage !!! ", s’insurge le Snes qui y voit un propos " provocateur à la limite du racisme". "Nous ne pouvons que condamner de tels propos stigmatisant les élèves de Mayotte !!! Comment peut-on comparer l’accent mahorais au langage de certains jeunes des banlieues ?, s’indignent les syndicats mahorais. " En quoi l’enfant mahorais devrait-il avoir honte de son accent ? Pourquoi les Mahorais devraient-il être discriminés à cause de leur accent ? ", s’interrogent-ils.
D’après eux, " François-Marie Perrin n’est plus celui qui peut dignement véhiculer les valeurs de la République " dans le département de Mayotte. Les syndicats réclament son " départ de Mayotte ", et appellent la population, les enseignants, les élèves mais aussi les parents d’élèves à manifester ce mercredi 15 juin à Mamoudzou.
Pour défendre son supérieur, le directeur de cabinet du vice recteur a expliqué dans les colonnes de l’hebdomadaire Mayotte Hebdo que François-Marie Perrin " évoquait la maîtrise de la langue française pour les concours ". Celui-ci reconnaît que " tout le monde a un accent, mais que dans certains cas, quand on passe un concours, ça peut être nuisible ". Il insiste donc sur la " nécessité de travailler sur la maîtrise du français " et qu’il convenait de " travailler la maîtrise de l’écrit mais qu’il ne fallait surtout pas oublier l’oral dans toutes ses dimensions (intonations, accentuation, aisance, fluidité de l’expression, etc), compétences nécessaires dans toutes les situations sociales ".
L’affaire de "l’accent des élèves mahorais " ne laisse pas les élus locaux indifférents. Pour sa part, le député de Mayotte, Abdoulatifou Aly dénonce un " inacceptable mépris anti-républicain " mais également " des propos malveillants à l’encontre des Mahorais ". Un dérapage qui, " pour la énième fois est imputé à un fonctionnaire muté à Mayotte " s’insurge-t-il. Pour lui, la déclaration du vice-recteur François-Marie Perrin " traduit incontestablement, au-delà de la sempiternelle condescendance de certains fonctionnaires en service dans l’île (Mayotte), un véritable mépris des Mahorais ". L’élu mahorais rappelle que la Constitution reconnaît " le droit au statut civil de droit local mahorais et l’appartenance de nos parlers locaux au patrimoine national ". Pour Abdoulatifou Aly, " c’est l’éducation nationale elle-même qui trahit (…) sa vocation première (pourtant) si bien rappelée par le préambule de la constitution de 1946 ".