Les agents venus de métropole et des autres départements d’Outre-mer affectés à la police de l’Air et des Frontières (PAF) de Mayotte ont stoppé les interpellations et les reconduites à la frontière ce week end.
Ces policiers essaient de se faire entendre à leur manière car ils n’ont pas le droit de faire grève et cesser le travail. A l’approche de la visite du ministre de l’Outre-Mer, Victorin Lurel, prévue en fin de semaine, les fonctionnaires métropolitains et domiens affectés à la police de l’Air et des Frontières (PAF) de Mayotte ont intensifié leur mouvement de grogne pour protester contre la fiscalisation de leur prime d’éloignement, une mesure actuellement à l’étude au sein du gouvernement.
L’enjeu serait énorme avec à la clé « la somme de 10.000 euros en moyenne redevable aux services fiscaux pour chaque fonctionnaire », relate le site Indian Ocean Times. « Nous sommes dans une fonction publique où nous sommes chargés de faire respecter la loi. Nous travaillons dans un département où les gens apprennent la rigueur de la loi républicaine et l’Etat nous dit, les règles, on les change quand on veut. Ce n’est pas acceptable », fustige un policier syndicaliste.
Alors que les gendarmes ont multiplié durant ce weekend les interpellations de kwassas venant des îles voisines, leurs collègues de la PAF ont refusé de procéder aux reconduites à la frontière des immigrants clandestins. Face à la situation, les policiers d’origine mahoraise sont entrés en action et ont reconduit quelque 200 individus en situation irrégulière fraîchement débarqués sur l’île, comme le précise Mayotte Orange.
Outre la PAF, le ton commence à monter également du côté du commissariat de Mamoudzou, où les interpellations et les descentes sur terrain seront stoppées même si les policiers évitent de parler grève. « Il a été décidé en assemblée générale qu’il n’y aurait plus de répression et que seule la prévention serait activée », rapporte le quotidien en ligne mahorais.
Soutenus par les syndicats (Synergie, Alliance, UNSA et le SNAPATSI qui représente les agents administratifs et techniques), les policiers de Mayotte entendent aussi hausser le ton pour dénoncer la vétusté de leurs matériels de travail.
« (…) un contrôle systématique de tous les véhicules de police affectés sur le terrain sera mis en place. Tous ceux qui présenteront des anomalies et ils sont nombreux, resteront au commissariat, les hommes refuseront de les utiliser », rapporte Mayotte Orange, pour qui le mouvement de grogne risque de s’intensifier cette semaine avec le dépôt des préavis de grève en intersyndicale ou en formation libre dans d’autres services des fonctions publiques.