Plusieurs cas de coronavirus sont enregistrés au centre de rétention administratif (CRA) de Mayotte. Des ONG et des éléments des forces de l’ordre ont demandé sa fermeture, mais l’Etat a refusé.
De nombreux étrangers sont renfermés dans le CRA de Mayotte avant d’être expulsés du territoire. Pourtant, selon Yahoo Actualité, sur le récit de StreetPress, l’épidémie de coronavirus circule beaucoup dans cet endroit entre les gens en rétention. Cette information a été affirmée par plusieurs policiers travaillant dans ce bâtiment, malgré l’absence du nombre exact des contaminés. Adric Jamey, délégué départemental d’Alternative Police a indiqué que cela se compte largement en dizaines. Un cluster "mettant en danger tout le monde", a souligné un membre de la section locale d’UNSA Police, sous couvert d’anonymat.
Face à cette situation préoccupante, des ONG et des policiers ont demandé la fermeture du centre de rétention administratif de Mayotte. Pour ce faire, les syndicats UNSA Police et Alternative police ont adressé une lettre à des responsables politiques et à la préfecture, mais ils ont eu une réponse négative.D’ailleurs, le site StreetPress s’est procuré de la réponse du préfet de Mayotte, Jean-François Colombet.
Dans ce document, il a répliqué de ne pouvoir accéder à la demande de fermeture du centre de rétention tout en disant étonné de cette requête alors qu’il est établi que la société dans son ensemble va devoir apprendre à vivre avec ce virus. "Je sais également pouvoir compter sur votre soutien à l’action de l’État en matière de lutte contre l’immigration clandestine", a-t-il écrit.
Cette réplique semble confirmer les dires d’Adric Jamey. A son avis, il y avait une pression de la préfecture pour reprendre les expulsions, dès le début du confinement. Ainsi, la seule chose qui compte pour eux, c’est faire du chiffre. La santé ne serait pas la priorité de la préfecture. Les propos d’Abdel Sakhi, membre lui aussi du syndicat Alternative Police et membre de l’unité d’interpellation de la police aux frontières, le confirment. Ce dernier a en effet, dit que "c’est la lutte contre l’immigration clandestine (LIC) qui passe avant tout. Souvent, dès le matin, quand le patron arrive dans les locaux, il nous dit qu’il faut interpeller car il n’y a pas assez de monde au CRA".
D’après Dominique Voynet, directrice de l’Agence régionale de santé (ARS) et ex-ministre écologiste, plus de 10% des personnes interpellées en mer sont positives au coronavirus, mais, selon ses dires, les mesures nécessaires sont mises en place. Effectivement, dès que les personnes arrêtées arrivent au CRA, elles sont systématiquement testées et les cas positifs sont par la suite, envoyés vers un centre de soin dans le village de Tsararano. Mais, en attendant les résultats des tests, elles se trouvaient dans un même endroit, a indiqué une source du CRA à StreetPress.
Cette mauvaise gestion au sein du CRA a déjà été dénoncée, il y a quelques mois par des associations. D’ailleurs, l’une des individus arrêtés a témoigné à StreetPress qu’il a eu un seul masque jetable à garder pendant 48 heures. Il n’y a aucun savon ni de gel pour se laver les mains alors que 12 personnes se trouvaient dans une petite salle dans des conditions exécrables.
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