Illustration - DUPUY FLORENT/SIPA
À Mayotte, l’éducation se heurte à un obstacle majeur : le manque d’infrastructures scolaires. Faute de place, des milliers d’enfants restent hors des bancs de l’école.
Le nombre d’élèves en primaire à Mayotte atteint aujourd’hui environ 63 000, un chiffre en constante progression. D’ici 2031, les projections estiment qu’ils seront près de 73 000, mais les infrastructures ne suivent pas. Il manque actuellement quelque 1 200 salles de classe pour accueillir tous les enfants dans des conditions normales, selon les Chambres régionales des comptes (CRC) de La Réunion et de Mayotte. Pour faire face, les communes ont instauré un système de rotation des élèves, où chacun ne va à l’école que quelques demi-journées par semaine. Ce dispositif pallie temporairement le manque d’espace, mais il ne remplace pas des locaux adaptés et disponibles à plein temps. Et malgré les 207 millions d’euros investis par l’État depuis 2016, les progrès sont trop lents.
Même lorsque les enfants ont accès à l’école, les conditions d’accueil sont préoccupantes. De nombreux bâtiments sont souvent vétustes et mal entretenus pour faire face aux défis locaux. Près de 96 % des établissements sont situées sur des zones exposées à au moins un risque naturel, qu’il s’agisse de cyclones ou de glissements de terrain. Ces contraintes rendent les travaux de rénovation complexes et coûteux. Par ailleurs, la restauration scolaire est quasi inexistante : "seuls 8 % des élèves bénéficient d’un repas chaud à midi". Certaines communes, bien qu’équipées de réfectoires, hésitent à les ouvrir pour éviter les charges liées à leur fonctionnement. La scolarisation obligatoire dès 3 ans accentue encore la pression, en particulier sur les écoles maternelles où les places manquent cruellement. Pour pallier ce problème, des classes itinérantes ont été mises en place, mais leur efficacité pédagogique reste à prouver.
Les collectivités locales jouent un rôle central dans la gestion des écoles, mais elles se retrouvent souvent dépassées par l’ampleur des besoins. Elles consacrent déjà une part importante de leur budget au fonctionnement de ces établissements, mais cela ne suffit pas à financer la construction ou la rénovation des classes nécessaires. Le cyclone Chido, qui a frappé Mayotte en décembre 2024, a encore fragilisé les infrastructures scolaires. Par ailleurs, la démographie dynamique, avec une moyenne de 4,5 enfants par femme, continue d’alimenter la pression sur le système éducatif. La situation exige une mobilisation forte et coordonnée entre l’État, les communes et les acteurs locaux pour garantir un accès équitable et durable à l’éducation sur l’île.
Sources : Le Figaro, Zinfos974, Journal de Mayotte