Accusé de falsifications de chèques, un adjoint de sécurité qui comparaissait mardi devant le parquet de Mamoudzou a dénoncé des complices parmi ses collègues policiers. Ces « accusations peuvent être vraies mais aussi fausses », écrit La Lettre Malango qui rapporte les dires du président du tribunal, Jean-Pierre Rieux.
Coup de théâtre dans la salle d’audience du tribunal de Mamoudzou, mardi 17 avril. Poursuivi pour falsifications de chèques, un adjoint de sécurité au Commissariat de la préfecture de Mayotte a révélé à la cour qu’il n’a pas commis tout seul les actes qui lui sont reprochés. Il a cité cinq complices parmi ses collègues, dont entre autres, trois gardiens de la paix au Commissariat de Mamoudzou, et un autre en poste à la Brigade de Sureté Urbaine (BSU).
Ces « accusations peuvent être vraies mais aussi fausses », écrit La Lettre Malango qui rapporte les dires du président du tribunal, Jean-Pierre Rieux.
Le prévenu est accusé d’être derrière « des sacs fouillés, des chèques vierges qui disparaissent ou d’autres contrefaits, falsifiés ». Des faits qui se sont déroulés dans les locaux même du commissariat de police, où onze victimes se sont portées partie civile pour demander le remboursement pur et simple des sommes dérobées, qui s’élèvent de 300 à 1.400 euros, relate La Lettre Malango.
« Mais il y a eu des complicités », insiste l’adjoint de sécurité, qui refuse d’endosser seul toute responsabilité. « C’est à dire ? de la part d’autres policiers ? » lui demande le juge d’instruction. « Oui », répond fermement l’accusé, qui assure être conscient de la gravité des accusations portées, rapporte Malango.
« Et en 48 heures de garde à vue, alors que je suis passée vous voir, vous n’avez pas pris la peine de parler » s’étonne la procureur Hélène Bigot qui se dit « secouée par ces révélations soudaines ».
Le prévenu a enchaîné avec une autre dénonciation : ses complices l’auraient prévenu que s’il évoquait leurs noms, ces derniers allaient négocier avec la procureur.« Ils m’ont dit avoir de l’influence sur vous » a déclaré le prévenu en s’adressant à la magistrate.
« Les accusations peuvent être vraies mais aussi fausses ! », tempère le président du tribunal, Jean-Pierre Rieux, qui s’exprimait à « l’attention de la salle ». « Cette affaire n’est pas en état d’être jugée ! », conclut Me Andjilani, l’avocat d’une partie des victimes, dont deux d’entre elles figurent parmi les complices présumés.
Interloquée, la procureur Hélène Bigot a demandé « de prendre le temps d’avoir un supplément d’information car les accusations sont gravissimes pour le Commissariat de Police ». L’avocat de la défense, Me Konde, se dit de son côté inquiet pour son client : « jeune policier et dernier arrivé du Commissariat, il subit des pressions pour avoir mis en cause des gradés. Je suis inquiet pour lui », dit-il.
« Une commission rogatoire va réentendre le principal accusé, puis une réquisition bancaire et des enquêtes téléphoniques permettront de vérifier ses dires », précise La Lettre de Malango, soulignant que l’affaire sera rejugée le 12 décembre prochain.
Source : La Lettre de Malango