Les 3 candidats contestés de la présidentielle malgache sont convoqués jeudi par un nouveau quatuor de médiateurs locaux. La thèse d’un éventuel report du calendrier électoral n’est pas à écarter.
Alors que l’ONU vient de se rallier aux positions communes prises par l’UE, la SADC et l’UA pour
dénoncer la candidature d’Andry Rajoelina, Lalao Ravalomanana et de Didier Ratsiraka, ces derniers sont convoqués ce jour à l’hôtel Carlton par des hauts responsables d’institutions malgaches. Cette nouvelle médiation « malgacho-malgache restreinte » , comme le décrit la presse locale, est à l’initiative du Comité de suivi et de contrôle de l’application de la feuille de route (CSC), du Conseil de la réconciliation malgache (CRM), ainsi que du ministère des Forces armées et celui de la Sécurité intérieure. Le quatuor a rencontré la presse hier à l’issue d’une réunion stratégique au même établissement.
« En tant que responsables, nous ne pouvons pas rester les bras croisés face à la situation actuelle, et ne savons pas encore s’il y aura un report ou non du calendrier électoral. Nous allons voir ce qui est bien pour la nation », a déclaré en substance le président du CRM, Charles Sylvain Rabotoarison.
La Commission électorale nationale indépendante pour la transition ou CENIT est également conviée à participer à la rencontre de ce jour alors que sa présidente, Attalah Béatrice, est encore en mission à l’extérieur pour tenter de convaincre les pourvoyeurs du fonds électoral à ne pas suspendre leurs aides bien que les trois candidats contestés n’ont pas voulu retirer leur candidatures.
Depuis la publication de la liste officielle des 41 candidats à la présidentielle malgache par la Cour électorale spéciale, les partenaires techniques et financiers de la Grande île se sont relayés tour à tour pour fustier la participation du n°1 de la transition, de l’ancienne première dame ainsi que celle de l’ex-président Ratsiraka aux prochaines élections.
La France a été la première à déclaré «
être déçue » par la candidature de ces trois personnalités. Hier, le secrétaire général des nations Unies ban-Ki Moon, a aussi enfoncé le clou en indiquant que la décision des trois candidats est une «
violation de l’esprit de la Feuille de route sous la médiation de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) ». Défendant le maintien du calendrier électoral actuel, l’ONU invite les parties prenantes malgaches à «
se conformer aux décisions de la Troïka de la SADC et du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine » qui, la semaine dernière, ont fait savoir leur opposition à la participation d’Andry Rajoelina, Lalao Ravalomanana et de Didier Ratsiraka au processus électoral.
Pour rappel, l’impression du bulletin unique accuse actuellement un retard du fait que la CENIT n’a pas encore pu fournir la maquette définitive. Sa présidente avait donné un ultimatum de 48heures aux politiciens locaux afin qu’ils prennent des dispositions fermes en rapport avec les menaces de sanctions prévues par la communauté internationale, entre autres la suspension du financement électoral ou encore la non-reconnaissance des résultats des urnes, mais aucun dénouement n’a été fait. Jusqu’ici, le nombre exact des candidats en lice n’est pas encore fixé alors que les travaux d’impression des bulletins prennent beaucoup de retards.
A ce rythme, un énième report des dates des élections est à craindre. S’opposant à la mise en place d’une nouvelle transition, le quatuor de médiateurs malgaches n’écarte pas une possible révision dudit calendrier. « Selon la loi, un report d’un mois est possible en cas de force majeure », rappelle l’un d’eux, soutenant que « l’élection constitue le seul moyen pour sortir de la crise ».
A l’issue de leur réunion d’hier, les hauts responsables d’institutions ont exhorté « la communauté internationale à s’abstenir de toute action ou décision qui pourrait compromettre l’apaisement, la réconciliation nationale malgache et le respect de la souveraineté du pays ».
Le CSC, le FFm et les Forces armées de soutenir qu’il « feront tout leur possible pour convaincre la communauté internationale à soutenir le processus, quelle que soit la décision prise ce jour au Carlton, et même si les trois candidats concernées refuseront de renoncer à leur candidature »