A J-12 de la clôture des candidatures à la présidentielle malgache, 4 femmes sont prêtes à s’engager dans la course dont l’épouse de l’ancien président Ravalomanana, un cas devenu sujet de controverse dans le pays.
Quatre femmes figurent parmi les candidats, une trentaine en tout, ayant déjà affiché leur ambition présidentielle. A l’instar de Saraha Georget Rabeharisoa, 43 ans, présidente nationale du parti Vert Hasin’i Madagasikara et élue au poste de la 2eme Vice présidente de la Fédération des Verts Africains (FEVA/AGF) en 2010.
Après avoir obtenu sa maîtrise en droit public interne à la faculté de droit d’Aix-en-Provence en 1994, cette fervente écologiste a poursuivi ses études de 3ème cycle en Sciences des organisations à l’Université de Paris-Dauphine IX France en 1995. Outre son engagement dans la protection environnementale, cette quadragénaire est également connue pour son soutien aux malades mentaux à travers New Mind, une ONG dont elle est la fondatrice.
Saraha Georget
Rabeharisoa a été la première candidate féminine à avoir déposé son dossier auprès de la Cour Electorale Spéciale hier. Durant sa rencontre avec la presse locale, la candidate du parti Vert Hasin’i Madagasikara a fait part de sa position concernant la candidature de Lalao Ravalomanana, épouse du président exilé.
« Sa candidature n’est pas un problème si cela est favorable à l’apaisement », a-t-elle déclaré, une position plus clémente comparée à celles affichées par les autres politiques locaux. Nombreux sont ceux qui craignent déjà que cette décision de la mouvance Ravalomanana n’engendre des troubles dans la Grande île et n’envenime davantage la tension entre les parties adverses.
"Il y a des risques que le régime en place n’accepte plus la présence de Lalao. Elle pourrait être expulsée manu militari. Andry Rajoelina va réagir, il ne va pas se laisser faire, il y a des risques de querelles entre les deux camps", selon un observateur politique sous couvert de l’anonymat.
De son côté, le ministre malgache de la Communication Harry Laurent Rahajason, un proche collaborateur d’Andry Rajoelina, estime que "la mouvance Ravalomanana pousse Lalao à violer les termes de la convention validée par la Communauté de développement d’Afrique australe alors que Mme Ravalomanana ne s’est pas encore prononcée sur sa candidature".
Ce membre du gouvernement faisait référence à l’accord passé entre le régime transitoire, la famille Ravalomanana et l’organe en charge des affaires politiques de la SADC, la Troïka, comme quoi, la visite en terre malgache de Lalao Ravalomanana se limitera dans un cadre purement « humanitaire », étant donné que sa famille a surtout demandé l’autorisation qu’elle vienne pour être au chevet de sa mère souffrante.
Durant son séjour, il lui a été conseillé de s’abstenir de toute déclaration politique et d’assister à aucun rassemblement à caractère politique. Avec cette nouvelle donne donc, les proches du régime transitoire estiment que l’ancien président et sa mouvance sont en train de rompre le deal.
Par rapport au fait que Lalao Ravalomanana ne remplisse pas les conditions requises pour se porter candidate, le juriste et expert électoral malgache Hery Rakotomanana a avancé qu’"au regard de la loi, elle ne peut pas se présenter, mais en matière politique, on peut toujours trouver un consensus, en dehors du cadre légal".
Pour sa part, un autre juriste répondant au nom de Jean-Eric Rakotoarisoa a déclaré que cette situation constitue un " nouveau test pour le pouvoir de Transition". " C’est une manière pour la mouvance Ravalomanana de jouer les martyrs mais tout dépendra de la Cour électorale spéciale et de son interprétation de la notion de résidence", poursuit-il.
Une autre source proche du régime transitoire martèle de son côté que « le texte électoral doit être interprété d’une manière stricte. Sinon, il ouvrira une brèche à toutes les interprétations possibles et imaginables ». « Ce qui n’est pas bon du tout », lâche celle-ci dans un entretien accordé à Express de Madagascar.
Quoiqu’il en soit, les partisans de Marc Ravalomanana retrouvent en la candidature de l’ancienne première dame l’espoir de revoir bientôt le clan Ravalomanana à la tête du pays. Il faut dire que depuis 1979, naissance du Groupe TIKO, une géante de l’agroalimentaire malgache avant 2009, Lalao Ravalomanana a su nouer un lien particulier avec le peuple malgache qui est encore nombreux à l’appeler « neny » ou « maman ».
Juste avant la crise de 2009, celle-ci a pris les rênes de l’empire TIKO. Dès son arrivée en terre malgache le 12 mars dernier, elle a encore affirmé qu’elle compte relancer les activités de cette société ayant généré 3.000 emplois directs ainsi que 11.000 postes indirects dans la Grande île et approvisionné jusqu’à 60% des riz importés, 71% des farines, 70% de l’huile de soja et 40% des produits laitiers du marché malgache.
Parmi les autres femmes du pays ayant déjà affiché leur ambition présidentielle figure également le Dr Brigitte Rasamoelina du parti AMP ou les femmes engagées dans la politique. Agée actuellement de 53 ans, ce docteur en Médecine a obtenu son diplôme en 1990 et a travaillé ensuite à l’hôpital Belle Pierre de St Denis de La Réunion en tant qu’interne en médecine et médecin attaché, pendant 5 ans. Elle est actuellement propriétaire d’une clinique privée qu’elle a ouverte en 1997, lorsqu’elle est revenue pour s’installer définitivement à Madagascar.
Le Dr Brigitte Rasamoelina se démarque surtout de son engagement pour faire valoir le leadership féminin. Elle est membre de REFELA (Réseau des Femmes Elues d’Afrique) au sein duquel elle avait été élue Vice Présidente en 2012, lors du sommet d’Afrique au Sénégal Dakar.
A la tête d’une société appelée Pétromad, une des rares compagnies malgache à exploiter les gisements pétroliers et gaziers du pays, le Docteur Emma Rasolovoahangy a déjà déclaré en 2012 que « Si on exploite efficacement ces ressources, Madagascar sortira rapidement de la pauvreté car il ne compte que 22 millions d’habitants ».
Tout comme Lalao Ravalomanana et le Dr Brigitte Rasamoelina, elle n’a pas encore déposé son dossier de candidature mais cela interviendra probablement d’ici peu estime le quotidien Madagasikara Laza.