Deux journalistes, ayant couvert les événements dramatiques survenus à Nosy-Be, ont été interpellés par la gendarmerie locale. Reporters sans frontières a condamné ces interpellations jugées arbitraires.
Serge Razanaparany, cameraman de la radio et télévision d’Etat (RNM et TVM), et Jeannette Ravonimbola, de la radio privée Tsiko Meva Ylang, ont été interpellés et entendus par la gendarmerie de Nosy-Be respectivement les 6 et 8 octobre derniers.
Leur interpellation intervient alors qu’ils venaient d’assurer la couverture médiatique des lynchages de trois hommes, dont deux Européens et un Malgache d’origine comorienne au cœur de l’île touristique. Accusés de trafic d’organes suite à la mort d’un garçon retrouvé le 2 octobre dernier sur une plage de Nosy-Be, ces derniers se sont attirés les foudres de la population qui les a lynchés et brûlés jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Ces événements dramatiques ont donné lieu à une vague d’arrestations touchant une trentaine de personnes, dont des acteurs politiques locaux ainsi que des professionnels de médias.
Soupçonnés de détenir ce que les gendarmes considèrent comme des "éléments de preuves", le cameraman de RNM et TVM, Serge Razanaparany a été arrêté et « conduit dans les locaux de la station audiovisuelle où il lui a été demandé de récupéré son matériel d’enregistrement », relate Midi Madagasikara. Le journaliste a ensuite été emmené au poste de la gendarmerie pour interrogatoire. Ayant couvert elle aussi la vindicte populaire, Jeannette Ravonimbola a subi le même sort. Les matériels de ces deux journalistes ont été saisis et leur contenu examiné, sans que la gendarmerie n’ait produit « un mandat d’amener (ou) de perquisition » quelconque, s’indigne le quotidien malgache.
Dans un communiqué, Reporters sans frontières a vivement condamné ces arrestations qualifiées d’arbitraires. « Nous condamnons fermement l’arrestation non-motivée de ces deux journalistes. La fouille du matériel audio-visuel constitue une atteinte très préoccupante au principe de protection du secret des sources journalistiques, et cela hors de tout contrôle juridictionnel », a déclaré Reporters sans frontières (RSF).
« Les journalistes ne sont pas des auxiliaires de justice et le comportement des autorités malgaches qui cherchent à utiliser des sources journalistiques dans le cadre d’une enquête criminelle visant à la répression porte ici atteinte à la liberté d’information », a dénoncé RSF.
Avant de poursuivre : « les gendarmes malgaches ont mis en avant le fait qu’ils avaient pour ordre d’arrêter les personnes présentes lors du lynchage collectif ainsi que ceux disposant d’images de l’événement. Les journalistes Serge Razanaparany et Jeannette Ravonimbola, témoins du lynchage, ont été automatiquement soupçonnés d’être en possession de ce que les gendarmes ont qualifié ‘d’éléments de preuve’ »
Pour l’heure, l’enquête continue pour faire la lumière sur ces drames survenus à Nosy-Be, mais Midi Madagasikara ne précise pas si les deux journalistes ont déjà été remis en liberté à l’issue de leur garde à vue.