Les écoles primaires d’Antananarivo, à Madagascar, font face à un absentéisme grandissant ces derniers mois. En cause, les élèves, affamés, préfèrent rester chez eux.
Sur la grande île, la faim devient l’une des principales causes de décrochage scolaire. Depuis le début de la période dite de ’soudure’, coïncidant avec la saison des pluies, le nombre des élèves empruntant le chemin de l’école diminue considérablement. En cause, ces enfants ne peuvent pas étudier le ventre vide, selon L’Express de Madagascar.
Dans la capitale, le phénomène d’absentéisme dans les écoles primaires s’est aggravé suite à la suspension de la cantine scolaire, qui avait été financée auparavant par le PAM (programme alimentaire mondial).
« (…) après la suspension de l’aide apportée par le programme alimentaire mondial (PAM), le mois dernier, nous devons serrer la ceinture. Face à cette situation, 15 sur les 66 enfants dans nos centres ont quitté l’école en janvier », indique Saholy Ranaivoson, présidente de l’Asefama, association pour la Sensibilisation et éducation des femmes et enfants maltraités.
L’abandon scolaire des enfants ‘affamés’ est très fréquent et concerne plusieurs établissements scolaires, allant d’Isotry, en passant par Andavamamba, jusqu’à la périphérie de la ville comme à Ivato.
« Cinq élèves par jour et par classe sont absents dans notre école. Cette absence n’a qu’une seule cause, la faim. Des élèves refusent d’aller à l’école le ventre vide. D’autres rentrent chez eux après quelques heures passées à l’école, se plaignant d’avoir faim », raconte la directrice de l’école primaire publique (EPP) d’Isotry-Ampefiloha.
Même constat du côté de l’EPP d’Andavamamba. « Une dizaine d’élèves sont contraints de rentrer chez eux chaque jour. Certains se plaignent d’avoir mal à la tête. D’autres rentrent tout simplement, chez eux, car ils ont faim », témoigne un instituteur.
Au Centre Notre dame de Clairvaux d’Ivato, les enfants abandonnant l’école sont trois fois plus nombreux ces derniers mois pour la même raison : ‘la faim’. « Lorsque la cantine scolaire se déroule normalement dans notre centre d’accueil, dix enfants abandonnent l’école. Actuellement, la suspension d’aide alimentaire apportée par le PAM a causé l’abandon scolaire d’une trentaine d’enfants », rapporte une responsable du centre.
La faim constitue également l’un des principaux motifs d’absence auprès de l’EPP Isotry-Ampefiloha. « Les enfants n’ont pas bénéficié de cantine scolaire depuis deux ans. Cette situation n’est pas un fait nouveau dans notre école. Nous ne pouvons qu’accueillir les élèves, quand leurs parents les raccompagnent à l’école pour expliquer la cause d’absence de l’enfant qui est toujours la faim », relate la directrice de l’établissement. « Beaucoup d’efforts ont été entrepris pour convaincre les parents d’envoyer leurs enfants à l’école. Ces efforts risquent d’être vains, si cette situation persiste », conclut-elle.
Selon les statistiques officielles, un peu plus de la moitié des Malgaches - environ 11 millions de personnes - ne mangent pas à leur faim. Le milieu rural est le plus affecté où 62,1% des habitants n’ont pas les moyens de s’acheter le panier alimentaire minimal fournissant 2 133 Kcal/jour, évalué à 328 162 ariary/an (environ 121 euros/an). Alors que cette proportion est de 34,6% dans le milieu urbain.