Des élèves du lycée technique professionnel de Morondava ont fabriqué une nouvelle génération de pirogues conçues avec des fibres de verre, un matériau alternatif au bois.
Les pêcheurs Vezo du sud de Madagascar tronqueront bientôt leurs traditionnelles pirogues en bois contre des pirogues ultramodernes. Avec l’appui de l’organisme environnemental WWF, des élèves du lycée technique et professionnel de Morondava ont conçu une nouvelle génération de pirogues construites à base de fibres de verre. Il s’agit d’une belle initiative pour lutter contre la déforestation, selon la presse locale.
En étude depuis 1997-2000, « ce projet constitue une alternative appréciable au profit de la lutte contre la déforestation. Les pêcheurs utilisent habituellement le farafatsy ou le Givotia madagascariensis pour construire leurs pirogues, mais victimes des coupes illicites, ce bois, une espèce rare du Menabe, disparaît à vue d’œil aujourd’hui », déclare Roger, proviseur du lycée technique professionnel de Morondava.
Scolarisés en section ‘charpente maritime’, ces ingénieux lycéens ont présenté une dizaine de prototypes de leurs fameuses pirogues mercredi dernier. « (…) depuis février, nos élèves encadrés par leurs professeurs, ont pu s’atteler à la construction de dix pirogues en fibre de verre et une grande pirogue à balanciers », continue le proviseur dans des propos rapportés par Les Nouvelles.
Baptisée « molanga », une pirogue en fibre de verre d’une longueur de 8 mètres peut être construite en quatre jours, tandis que celle équipée de balanciers, sous forme d’une grande barque appelée localement « lakana fiara », nécessite deux semaines de travaux, détaille Midi Madagascar.
« Huit matériaux sont utilisés pour la fabrication, du moulage jusqu’au produit fini. Deux boîtiers étanches sont disposés de part et d’autre de la pirogue, renfermant des bouteilles hermétiquement fermées qui permettent à la pirogue de ne pas prendre l’eau en cas de grosses vagues. Bref, nous avons pris le meilleur de la pirogue traditionnelle et nous l’avons amélioré pour obtenir ce nouveau modèle moderne et écologique », explique dans les colonnes du quotidien Midi, Théodore Tsitohery, chef de travaux du lycée technique professionnel de Morondava.
Ces pirogues en fibres de verre ne manquent pas d’atouts : elles sont réputées solides et écologiques. « La durée de vie moyenne d’une pirogue en bois est de deux à trois ans seulement, tandis qu’une pirogue en fibre de verre peut tenir en mer pendant une quinzaine d’année », ajoute le professeur Théodore Tsitohery.
Seul détail qui risque de doucher l’enthousiasme des pêcheurs face à cette nouvelle invention : le prix est jugé trop élevé. Une pirogue de type ‘molanga’ coûte 600 000 ariary (214 euros) contre 400 000 ariary (142 euros) pour une pirogue en bois. Tandis que le modèle ‘lakana fiara’ est vendu à 1 600 000 ariary (571 euros), soit quatre fois plus cher qu’un prototype en bois.