Mis à mal par quatre années de crise, Madagascar est devenu un pays fragile, révèle la Banque mondiale dans un rapport évaluant la situation politique et institutionnelle de l’Afrique subsaharienne.
La crise a eu raison de Madagascar, qui figure désormais sur la liste des pays les plus fragiles du continent noir, d’après un rapport de la Banque mondiale intitulé « Evaluation des politiques et institutions de l’Afrique » (CPIA), daté de 2012.
Evaluant la situation politique et institutionnelle de la Grande île, la Banque mondiale constate que « non seulement tous les indicateurs sont au rouge mais il lui faudra du temps et beaucoup de moyens pour pouvoir s’en sortir », rapporte le quotidien local Les Nouvelles.
Evalué sur une échelle de 1 à 6, Madagascar atteint de justesse un score égal à 3, bien en deçà de la moyenne dans l’Afrique subsaharienne, qui se situe aux alentours de 3,2. Laminé par la crise depuis plus de quatre ans, le pays présente actuellement des signes de fragilité qui ne disparaîtraient pas de sitôt.
« Quand un pays entre dans cet engrenage de fragilité, il lui sera difficile d’en sortir. Notre analyse est donc que Madagascar devra beaucoup œuvrer en termes de coûts, mais également en ce qui concerne le temps que cela va lui prendre avant d’espérer pouvoir s’en sortir », affirme Haleh Bridi, représentant résidant de la Banque mondiale à Madagascar.
Depuis le début du conflit politique en 2009, le score CPIA de Madagascar « n’a fait que chuter », observe la Banque mondiale, soulignant que cette notation, qui sert de base aux calculs d’évaluation, est très importante pour les institutions ainsi que les partenaires techniques et financiers du pays.
D’ailleurs, l’association internationale de développement (IDA) utilise ces scores CPIA pour déterminer l’aide à allouer aux 41 pays éligibles à son programme. « L’allocation étant limitée, les scores aident à répartir les ressources selon la qualité des politiques économiques et des institutions, afin de réduire la pauvreté », explique Les Nouvelles.
L’évaluation de la CPIA a été menée sur quatre dimensions dont la gestion économique, les politiques structurelles, celles relatives à l’inclusion sociale et l’équité, la gestion du secteur public et des institutions.
A Madagascar, les chiffres de l’évaluation se sont révélés au plus bas, sauf pour la gestion de l’économie. « Contrairement à la gestion économique notée à 3,5, traduction d’une bonne performance, la gestion du secteur public fait défaut car cette rubrique affiche 2,6 contre une moyenne subsaharienne de 2,9. En ce qui concerne la qualité de la gestion budgétaire et financière, Madagascar ne présente que 2 contre une moyenne égale à 3, ce qui traduit, entre autres, une mauvaise gouvernance ».
A ce rythme, le pays n’aura plus la capacité de tenir une année de plus, selon Haleh Bridi, sauf si l’Etat engage des efforts phénoménaux pour inverser la courbe de la fragilité d’ici la fin de l’année.
« La priorité, aujourd’hui, pour pouvoir redémarrer doit passer par la reconstruction de l’Etat et le rétablissement des différentes institutions », suggère Eric Rakotoarisoa, enseignant-chercheur à l’université de Tananarive qui fait entendre son avis dans les colonnes du journal Les Nouvelles.