« Objectif zéro en 2015 », tous les pays du monde entier se mobilisent autour de ce thème, choisi par la Campagne mondiale contre le Sida (WAC), pour cette journée du 1er décembre. L’objectif étant d’arriver à zéro nouvelle infection au VIH, zéro discrimination, zéro décès dû au Sida d’ici 2015. Madagascar et Maurice s’y attèlent tout comme les autres îles de l’Océan Indien.
La Campagne mondiale contre le sida, ayant choisi comme thème cette année « Objectif zéro en 2015 », se fixe comme objectif de venir à bout de ce fléau d’ici 2015. Elle se traduira par une riposte plus rapide, plus intelligente et plus efficace afin qu’il n’y ait plus de nouvelle infection au vih, ni de décès et que les personnes infectées ne subissent plus de discrimination.
Pour Madagascar, ce pari reste difficilement réalisable du fait que sur les 30 000 porteurs du VIH dans le pays, 700 d’entre eux seulement sont surveillés selon les propos du secrétaire exécutif du Conseil national de lutte contre le sida, Haja Razafindrafito, rapportés par l’Express de Madagascar.
Ce responsable d’expliquer les trois principaux obstacles pour le cas de Madagascar. Il s’agit entre autre de la prise en charge très limitée des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) dans le traitement des infections opportunistes ainsi que la diminution des actions de sensibilisation contre la discrimination de ces PVVIH durant les deux dernières années.
Une hausse du nombre des personnes infectées a également été constatée depuis le début de la crise politique dans le pays en 2009, due notamment par la prolifération de la prostitution. Selon un responsable auprès du bureau municipal d’hygiène (BMH), 4 personnes sur 400 venues faire leur test auprès de ce centre sont séropositives alors qu’en 2005, on n’enregistrait qu’une séropositive seulement tous les trois mois. La coordinatrice résidente du système des Nations Unies, Fatma Samoura, s’est d’ailleurs déclarée avoir un doute sur le taux exact de prévalence du Sida dans la grande île vue l’ampleur de la prostitution.
Quant à l’île Maurice, « l’épidémie est gérable, mais il ne faut pas crier victoire”, selon Nicolas Ritter, directeur de PILS (Prévention, Information Lutte contre le Sida). En effet, le nombre de nouveaux cas dépistés a connu une légère baisse mais les jeunes de 17 à 35 ans restent toujours les plus exposés.
“On a concentré le combat contre le VIH/Sida sur les toxicomanes et les travailleuses du sexe, et on a négligé le reste de la population. L’accent n’a pas été assez mis sur les relations sexuelles non protégées. Cette défaillance nous montre que le virus continue à se propager, malgré toutes les préventions faites jusqu’à présent”, regrette Dhiren Moher, un activiste au sein de la Commission de l’océan Indien. L’île a ainsi mis l’accent sur le dépistage en ce 1er décembre. Une caravane mobile sillonnera la capitale mauricienne en vue d’une campagne de sensibilisation et de dépistage volontaire. Tranquebar, Plaine-Verte et Roche-Bois seront parmi les zones à visiter.
"On croit toujours à Maurice qu’on sera rejeté, ostracisé, pointé du doigt, accusé d’avoir attrapé une maladie honteuse si on est dépisté comme porteur du virus du sida", déplore Nicolas Ritter de chez PILS, soulevant la réticence de bon nombre de mauriciens à se faire dépister. A Maurice, près de 12.000 personnes seraient touchées par le VIH. Cependant 5.000 porteurs du virus seulement sont répertoriés, ainsi 7 000 mauriciens ignoreraient toujours leur séropositivité.
Depuis la découverte des premiers cas de sida en 1981 aux Etats-Unis, on évalue à 34 millions le nombre de personnes vivant avec le VIH dans le monde, soit une augmentation de 17 % par rapport à 2001. Atteindre l’« Objectif zéro » en 2015 exige ainsi une prise de conscience rapide de tout à chacun, tant au niveau des dirigeants de chaque pays qu’à toute la population du monde entier dont les 53% ne seraient pas au courant de son statut sérologique.