Ces trois personnalités sont connues du monde politique malgache pour être dans l’opposition au Président malgache. Il s’agit d’Ambroise Ravonison dit « tonton Ambroise », des docteurs Joseph Ramiandrisoa et Harison Razafindrakoto.
Accusés de délit d’opinions, ces trois hommes ont été cueillis par les forces de l’ordre alorqu’ils participaient à un débat contradictoire dans l’émission « Tamberim-baovao » de cette station radio.
Selon les riverains qui ont été témoins de cette intervention militaire, des agents mixtes en tenue civile, notamment des éléments de la Force d’Intervention Spéciale (FIS), de la Brigade des Recherches, et de la Cellule tactique ont forcé l’entrée de la station radio à coups de crosses et de matraques. Une fois introduits sur les lieux, ils ont tout saccagé. Deux ordinateurs, cinq téléphones portables ainsi que les mobiliers de bureau ont été détruits.
Aujourd’hui dans la presse malgache, on parle de bavure militaire. Car les forces de l’ordre ne se sont pas arrêtées là. Les agents de cellules d’intervention mixtes s’en sont aussi pris à tous ceux qui se trouvaient à l’intérieur du studio de radio. Outre leurs trois cibles, ils se sont également acharnés contre une journaliste et contre deux techniciens qui étaient de service. Une brutalité physique qui a nécessité l’évacuation de ces derniers à l’hôpital Joseph Ravoahangy Andrianavalona d’Antananarivo (HJRA). Selon les derniers bulletins de santé communiqués aujourd’hui, leur état de santé est stable et leur vie n’est pas en danger.
Le directeur de publication de la station Radio privée, Mbinintsoa Ranaivoson, quant à lui, contre attaque et annonce l’ouverture d’une procédure judiciaire en vue d’interpeller les auteurs de ces actes de violence.
De son côté, l’Association des Journalistes des Radions Privées (AJRP) n’a pas tardé à réagir. Elle condamne vigoureusement cette « atteinte à la liberté de la presse ». Le collectif réclame d’ailleurs la tête des commanditaires pour ces dérapages. Il enjoint l’état major de l’armée malgache (CEMGAM), le Commandant de la Gendarmerie, le directeur général de la Police Nationale ainsi que la ministre de la Communication, Nathalie Rabe, de mener une enquête approfondie afin mettre en lumière les faits réels de cette affaire et de fournir des explications officielles sur ce qui s’est réellement passé.
Pour sa part, la ministre de la Communication, Nathalie Rabe, s’est rendue ce lundi aux chevets des journalistes et techniciens de Fréquence Plus à l’HJRA. Une visite au cours de laquelle la ministre a assuré qu’ « elle veillerait à ce que de tels actes ne se reproduisent plus à l’avenir ». La ministre propose la tenue dans les jours qui viennent d’une réunion avec tous les représentants des organes de presse de l’île afin de mettre en place une feuille de route sur la protection des droits des journalistes.
Même les représentants de la diplomatie étrangère accrédités à Tananarive, à l’image de l’Ambassadeur des Etats-Unis, Niels Marquardt, ne sont pas restés indifférents face l’incident survenu samedi à la station Fréquence Plus. Interrogé ce matin par le journal Les Nouvelles, le diplomate qualifie ces arrestations d’actes d’intimidation pure et simple : " si, dans votre pays, les gens n’osent plus s’exprimer sur les ondes radiophoniques, à la télévision, dans la presse écrite, vous aurez quoi ? Vous aurez un pays qui manque vraiment de libertés essentielles. Et pour retrouver la voie de la démocratie, il faut que ces libertés soient protégées. C’est vraiment sérieux " déclare-t-il.
Et de condamner ce qu’il juge comme étant une nouvelle intimidation et une « grave entrave à l’exercice de la liberté d’expression et de presse et de surcroît une sérieuse entorse aux droits de l’Homme ».