Les députés européens qui se sont réunis à Bruxelles jeudi 9 juin ont dressé un sévère réquisitoire contre le régime de transition dirigé par Andry Rajoelina, et ont appelé au renforcement des sanctions internationales.
Alors même que les chefs d’Etats de la Sadc s’apprêtent à statuer sur la Feuille de route pour sortir Madagascar de l’impasse politique, le Parlement européen accentue sa pression sur la Haute autorité de la transition (HAT) en place. Dans un communiqué diffusé à la presse, l’instance européenne condamne le maintien du régime de Rajoelina et demande instamment la mise en place " d’un gouvernement neutre, consensuel et pluraliste ".
" L’actuel régime méconnaît les droits constitutionnels, démocratiques et fondamentaux ancrés dans l’Accord de Cotonou ainsi que dans les accords internationaux ", écrit le Parlement européen. En regrettant sur " l’instabilité politique persistante qui règne depuis le coup d’État et qui a plongé Madagascar dans une situation précaire tant sur le plan socio-économique et humanitaire que sur le plan des droits de l’homme ".
Rappelant " les engagements souscrits à Maputo et à Addis-Abeba sur le partage du pouvoir avec les autres mouvements politiques de Madagascar ", le Parlement européen fustige que " le régime illégal en place monopolise les pouvoirs exécutif, législatif, judiciaire ainsi que les médias ".
Les élus européens qualifient d’ " inique " le référendum constitutionnel du 17 novembre 2010 organisé par l’autorité de fait. Un scrutin qui a abouti " à l’adoption d’une soi-disant nouvelle constitution, alors qu’il a purement et simplement été boycotté par l’opposition et globalement ignoré par la communauté internationale ".
De ce fait, le Parlement " réitère sa condamnation énergique du processus de la prise de pouvoir par M. Rajoelina qui maintient à Madagascar un régime illégal et illégitime, et demeure préoccupé par la situation actuelle dans le pays ". Ce constat le pousse à inviter " l’Union européenne et le Conseil de sécurité des Nations unies à poursuivre et élargir les sanctions contre le régime jusqu’à la résolution de la crise politique sur la base des observations qui précèdent et notamment d’étendre à l’ensemble de ses pays membres l’interdiction de visa édictée par l’Union africaine ".
Et de faire remarquer que la communauté internationale condamne fermement " les multiples violations des droits de l’homme et exactions commises par les forces de sécurité malgaches contre leur concitoyens ". De même, les députés européens exigent " la libération immédiate de tous les prisonniers politiques ; demandent le retour des personnes en exil et des dirigeants politiques dans des conditions de sécurité ; ainsi que le rétablissement de l’État de droit à Madagascar ". En soulignant que les instances européennes soutiennent " les efforts actuels de la Communauté de développement de l’Afrique australe (Sadc) ". Le Parlement déplore ainsi " l’échec des négociations de Gaborone et demande une stratégie pour sortir de manière satisfaisante de l’impasse actuelle et mettre en place un gouvernement neutre, consensuel et pluraliste de transition ". Et de rappeler que " M. Rajoelina avait annoncé ne pas vouloir se présenter aux prochaines élections présidentielles ".
Enfin, concernant la dégradation des richesses naturelles de la Grande île, le Parlement européen fait part de " sa vive inquiétude face au pillage illégal qui perdure et à l’exportation de bois précieux, de minéraux et d’animaux sauvages venant de parcs nationaux ou de zones protégées, ainsi que face aux menaces croissantes qui pèsent sur la gestion locale de la biodiversité en raison de la déliquescence sociale ". Et d’ajouter qu’il " apporte son soutien aux défenseurs de la nature et à la société civile dans les efforts permanents qu’ils déploient pour éviter de verser dans l’anarchie et pour prévenir une catastrophe environnementale ".
Notons qu’un sommet extraordinaire de la Sadc est prévu ce samedi 11 juin en Afrique du Sud pour finaliser une Feuille de route censée mettre fin à la profonde crise politique malgache.