Le retrait de Nosy Be de la zone orange est envisageable, à condition que l’Etat malgache investisse de façon pérenne dans la sécurisation de cette destination, a déclaré hier le Consul de France Laurent Polonceaux.
Classée depuis février en zone orange par l’ambassade de France à Madagascar, Nosy Be a perdu en visibilité au niveau mondial. Celle qui a su se glisser dans les classements mondiaux pour sa beauté incomparable - intégrée en 2013 dans le Top 10 mondial des îles paradisiaques et reconnue comme la plus belle île d’Afrique en février de cette année – n’attire plus qu’une poignée de touristes qui osent braver les mesures dissuasives émises par les autorités françaises. L’impact sur les activités des opérateurs locaux a été considérable depuis la mise en vigueur de ce dispositif, obligeant le groupement des hôteliers français opérant dans cette île du nord-ouest malgache à interpeller le Quai d’Orsay à qui ils en demandent le retrait immédiat.
Suite aux diverses sollicitations, une rencontre a eu lieu mercredi entre le ministre malgache du Tourisme, Benjamina Ramanantsoa, d’un côté, et des représentants diplomatiques français dont le Consul de France Laurent Polonceaux et le chargé d’affaires de l’ambassade de France, Jérôme Bresson de l’autre.
L’enjeu pour la partie malgache était de mettre en avant les initiatives locales en vue de rétablir la sécurité dans les deux localités qui ont été classées orange par la France, à savoir Anakao, un célèbre village des pêcheurs Vezo (Sud) et Nosy-Be.
Pour cette deuxième destination, les autorités françaises affirment être disposées à étudier un éventuel changement de classification mais elles souhaitent avant tout avoir la confirmation que la sécurisation de la zone n’est pas temporaire mais bien pérenne.
" Nous avons constaté que depuis la venue du Président au mois de février pour déployer des moyens humains et financiers, la sécurité s’est nettement améliorée à Nosy-Be. Mais le plus important, c’est que tous les acteurs aient la certitude que la sécurité revienne d’une manière et durable ", devait souligner au cours de cet entretien le Consul de France.
Ce dernier de rajouter qu’une concertation avec tous les responsables ministériels malgaches sera conduite incessamment afin de pouvoir évaluer la situation dans la zone, ainsi que les engagements de l’Etat malgache. C’est alors que le Quai d’Orsay jugera nécessaire ou non la révision de cette mesure par " une autre moins dissuasive pour les touristes ". Une nouvelle fois, " nous réitérons que cette amélioration doit s’inscrire dans la durée ", devait insister le représentant français sur des propos recueillis par Express de Madagascar.
Le triple lynchage survenu à Nosy Be en octobre dernier, ainsi que la vague d’insécurités qui a visé par la suite les ressortissants étrangers établis sur l’île et les touristes en visite, n’ont fait que plonger davantage la destination dans la morosité. Et ces événements ont aussi exposé tout le territoire malgache à une très mauvaise publicité sur le marché touristique mondial. Au cours de l’an dernier, la baisse totale des arrivées touristiques dans la grande île a été de 22%, ce qui représente 56 000 touristes en moins par rapport à 2012.
Le fait que le Quai d’Orsay ait décidé de classer Nosy Be et un autre site de Madagascar a conduit les français à aller vers une autre destination.
" Soixante dix pour cent des touristes qui viennent à Madagascar sont des Français, donc cette appartenance de la destination à la zone orange n’est pas à prendre à la légère. Les impacts ont été ressentis dans d’autres régions, selon les observations des opérateurs qui me sont parvenues ", rapporte ainsi le ministre malgache du Tourisme.
A l’issue de sa rencontre avec les autorités françaises, il s’est dit " confiant, dans la mesure où l’ambassade, à travers ces deux émissaires, a confirmé sa volonté de considérer la situation de Nosy Be ".