A Tuléar, des centaines de personnes ont laissé éclater leur mécontentement en dénonçant une recrudescence de la violence et la remise en liberté de plusieurs prévenus. Les manifestants ont bloqué l’accès à la ville.
La tension était à son comble en début de semaine à Tuléar-ville car plusieurs suspects impliqués dans une série de meurtres à Analalava-Sakaraha ont été relâchés. Suite à cette libération, environ 300 personnes issues des tribus Tanalagna et Antandroy ont fait entendre leur colère dans la rue.
Selon L’Express de Madagascar, les manifestants ont pris possession d’un barrage de police à l’entrée de Tuléar, vers 17 heures. Par conséquent, aucune voiture n’a pu entrer ni sortir de la ville jusque tard dans la nuit. Aux alentours de 21 heures, une longue file de 300 à 400 véhicules s’est formée aux portes de la Cité du Soleil. Les forces de l’ordre ont prévu un assaut pour débloquer l’accès à la ville dans le courant de la nuit.
Le quotidien Les Nouvelles rappelle que tout a commencé la semaine dernière à Analalava-Sakaraha. Cette localité, longeant la route nationale n°7 et située à 110 km de Tuléar, a été le théâtre d’une série de meurtres perpétrés par un réseau de bandits. Un collecteur de saphirs a été attaqué chez lui par des inconnus qui ont pris en otage son fils.
Les malfaiteurs ont exigé comme rançon les pierres précieuses ainsi que tout l’argent en sa possession. Le père de famille a obéi aux ravisseurs mais les kidnappeurs ont tué l’enfant, avant de prendre la fuite, en emportant tout le butin.
Malgré la perte de son fils et de toute sa richesse, le collecteur de saphirs s’est lancé à la poursuite des bandits, avec l’aide de la population locale. Au détour d’une forêt, les fuyards et les poursuivants se sont retrouvés nez-à-nez. C’est ainsi que des coups de feu ont été tirés, faisant six victimes.
Circulant à bord d’un 4x4, les présumés meurtriers ont immédiatement rallié la ville de Tuléar, où ils disaient avoir été pris pour cible par des brigands. Un argument qui leur a permis de repartir libres, à l’issue de leur audition. Ce revirement de la situation a provoqué un vif mécontentement des Tuléarois.
Le service de la balistique a confirmé que les six personnes tuées avaient été atteintes de plusieurs balles de kalachnikov tirées par trois militaires qui étaient dans le 4x4, et qui étaient de mèche avec les malfaiteurs. A l’heure actuelle, le premier responsable de la circonscription de la gendarmerie de Tuléar déclare attendre un ordre de poursuite émanant du procureur pour pouvoir enquêter sur ces trois membres des forces de l’ordre. En revanche, les trois civils qui les accompagnaient dans le véhicule tout-terrain seront bientôt auditionnés. En attendant, l’atmosphère reste tendue à Tuléar..