La France et l’UE ont suspendu leur financement pour la présidentielle malgache, s’alignant sur les décisions de l’UA et de la SADC qui sont contre les candidatures de Rajoelina, Ravalomanana et Ratsiraka.
Ce lundi 20 mai sera une journée déterminante pour Madagascar. En réunissant les 41 candidats à la présidentielle vendredi, afin de leur présenter la version définitive du bulletin unique, la présidente de la commission électorale, Béatrice Atallah, a indiqué avoir reçu des appels téléphoniques de la France et de l’Union européenne, annonçant une suspension de leurs contributions au processus électoral malgache.
« Nous sommes prêts sur le plan technique, mais la Commission électorale nationale indépendante ne peut pas agir seule. Nous n’avons pas dormi de la nuit. Nous avons eu des appels téléphoniques de la France et de l’Union européenne. Ils suspendent leur financement à la Cénit », a-t-elle déclaré. Elle a également promis de faire tout son possible pour convaincre les deux instances de revenir sur leur décision, mais demande aussi aux politiques malgaches de faire preuve de bonne volonté.
Béatrice Atallah a, de ce fait, donné 48 h aux 41 candidats en lice pour trouver une solution, dans un esprit d’apaisement, permettant de maintenir la date du 24 juillet pour le premier tour présidentiel. Son ultimatum a pris fin hier dimanche. Tout se jouera donc ce lundi, dernier délai accordé par le bureau d’achat des Nations unies à Copenhague pour lui faire parvenir la maquette du bulletin unique en vue de son impression.
« Je demande la prise de responsabilité des politiques de primer l’intérêt des 20 millions de Malgaches. Si nous voulons maintenir le premier tour des présidentielles le 24 juillet prochain, la maquette du bulletin unique devrait être à Copenhague le 20 mai pour que l’on puisse procéder immédiatement à l’impression et que les bulletins soient livrés à temps. Ce n’est pas la CENIT qui ne veut pas faire l’élection. La CENIT est prête. Mais nous ne pouvons pas travailler tout seul, nous avons besoins de votre prise de responsabilité », a martelé le n°1 de la CENIT.
De format A3, avec 290 mm de largeur et 420 mm de longueur, le bulletin unique sera imprimé en 9 millions d’exemplaires en Afrique du Sud, rappelle Express de Madagascar. Ils devront être livrés à la Grande île le 25 juin prochain. La CENIT procèdera ensuite à leur envoi dans les 119 districts puis aux 20 000 bureaux de vote prévus.
Si aucune issue n’est trouvée par rapport à la candidature controversée des trois personnalités, l’envoi de la maquette ne pourra pas se faire ce lundi, mettant en cause le calendrier électoral déjà validé par la communauté internationale.
Suite aux vagues de déclarations faites ces derniers jours par
la France, la troïka de la communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), l’Union européenne ainsi que
le Conseil pour la Paix et la sécurité au sein de l’Union Africaine, concernant la participation d’Andry Rajoelina, Lalao Ravalomanana et de Didier Ratsiraka aux élections, l’avenir politique malgache est désormais incertain.
Parmi les scénarios attendus figurent l’absence des observateurs internationaux durant tout le processus électoral, la non-reconnaissance des résultats publiés, par l’ensemble de la communauté internationale, et de ce fait, la suspension de toutes les aides dont le pays devrait bénéficier.
Pour le moment, l’OIF figure parmi les rares instances à maintenir son soutien à la Grande île. Par la voix de son Secrétaire général Abdou Douf, l’Organisation internationale de la francophonie a fait part de sa disponibilité dans l’accompagnement de Madagascar pour parvenir à un retour à l’ordre constitutionnel. L’OIF souligne cependant qu’elle "appuie la demande de la Troïka de la SADC exprimée le 10 mai dernier pour un retrait des candidatures d’ Andry Rajoelina, l’ex-président Didier Ratsiraka et de Mme lalao Ravalomanana".
Jusqu’ici, Andry Rajoelina et Lalao Ravalomanana, l’ancienne première dame malgache, ont toujours maintenu leur ferme intention de se présenter aux élections tandis que Didier Ratsiraka n’a jamais souhaité s’exprimer sur le sujet devant la presse locale.