Plusieurs organisations ont réagi après la mort de 22 détenus après la mutinerie dans une prison de Farafangana (Sud-Est de Madagascar). L’Organisation des Nations Unies dénonce un usage excessif de la force.
Une mutinerie a éclaté dans la prison de Farafangana (Sud-Est de Madagascar), dimanche 23 août. Après l’intervention des forces de sécurité, 22 détenus ont été abattus. Plusieurs organisations ont fortement dénoncé ce massacre. Malgré les explications apportées par le ministre de la Justice malgache, Johnny Richard Andriamahefarivo, les défenseurs des droits de l’homme dénoncent et critiquent cette tuerie.
Le Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) est monté au créneau, vendredi 28 août, rapporte Madagascar Tribune. Lors d’un point de presse donné à Genève, Rupert Colville, le porte-parole de cette instance internationale, a dénoncé un usage excessif de la force. "Nous sommes très préoccupés par l’utilisation excessive de la force par les forces de sécurité qui ont tué 22 détenus tentant de s’échapper de la prison de Farafangana surpeuplée", a précisé le HCDH.
Dans un communiqué relatif à ce point de presse, cette instance internationale a rappelé que les prisons surpeuplées sont un foyer pour la propagation de la Covid-19. Madagascar a le devoir, selon elle, de protéger la santé et le bien-être des détenus. "Tous les recours à la force doivent être strictement conformes aux principes juridiques de nécessité, de proportionnalité et non-discrimination", a indiqué ce communiqué.
Le HCDH a ainsi demandé des enquêtes approfondies, rapides, indépendantes et impartiales sur les circonstances des meurtres et des blessures durant cette évasion.
Dans cette affaire, le ministre de la Justice est essentiellement pointé du doigt. Ce dernier a fait une descente sur les lieux avec un autre membre du gouvernement, jeudi 27 août. Après avoir rencontré les responsables de l’établissement, il a assuré n’avoir donné aucun ordre de tirer.
Toutefois, dans une information publiée sur la page Facebook du ministère, il est indiqué que "le ministre de la Justice a donné ordre (…) de prendre toutes les mesures nécessaires pour maîtriser la mutinerie". Un ordre qui peut certainement prêter confusion, selon le journal. Le ministre a également assuré l’ouverture d’une enquête sur ces évènements survenus dans la prison de Farafangana. "Les enquêteurs sont sur place et les résultats de l’enquête devront être connus bientôt", a-t-il rassuré.
La CNIDH (Commission nationale indépendante des droits de l’homme) a été la première à avoir réagi officiellement dans cette affaire. Elle a également réclamé l’ouverture d’une commission d’enquête et a dénoncé une riposte disproportionnée de la part des forces de sécurité.
Pareillement, Amnesty International a qualifié le meurtre des détenus d’homicide qui a pour conséquence une terrible atteinte au droit de vie, mardi dernier. Deprose Muchena, son directeur régional pour l’Afrique de l’Est et australe, a signifié que ces évènements confirment que le gouvernement malgache continue à négliger l’existence des détenus.
Il a aussi rappelé qu’Amnesty International a signalé, à plusieurs reprises, aux autorités les conditions de détention sordides à Madagascar telle la surpopulation et le manque de ressources.
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