Les enseignants et le corps médical grévistes restent mobilisés malgré le décret de réquisition publié par leurs ministères de tutelle respectifs. Les grévistes poursuivent leur mouvement.
L’Etat malgache maintient la corde tendue en menaçant les enseignants et le corps médical grévistes de sanctions disciplinaires s’ils continuent à esquiver le décret de réquisition de service. Après la note publiée mardi 10 juillet par le ministère de la Santé publique, le ministère l’Education nationale (MEN) a sorti un même décret qui concerne la réquisition de 265 enseignants grévistes répartis dans 18 directions régionales. Les noms de ces derniers seront prochainement affichés dans les circonscriptions scolaires, avertit ce communiqué.
Mais les principaux concernés ne semblent pas prêts à fléchir face à ces intimidations. « Le MEN va jouer avec le feu avec cette réquisition. Qui pourra garantir que les enseignants vont dispenser correctement les cours dans ces conditions ? », s’interroge John Patience, président du Syndicat des enseignants fonctionnaires (Sempama) de la région Sofia.
De son côté, le ministère a déjà pensé à d’autres alternatives au cas où les grévistes continent de résister. Selon Pascal Rabetahiana, secrétaire général au sein du MEN, des bacheliers seront recrutés pour enseigner dans les classes d’examen. « C’est le cas dans le lycée de Fianarantsoa où le ministère va payer 110 000Ar par mois ceux qui remplacent les grévistes », a-t-il expliqué.
Pour sa part, le ministère de la Santé publique aussi a sorti tout un arsenal de mesures pour contraindre les médecins et les personnels paramédicaux grévistes à reprendre le travail. En cas de résistance, des sanctions disciplinaires attendront les grévistes, prévient le communiqué du ministère. « Les fautifs pourront être astreints, individuellement ou solidairement, à raison des conséquences dommageables qui découleraient des actes de cessation concertée de travail ou grève et sans préjudice des poursuites pénales… », insiste la note.
Parallèlement, le directeur du CHU dans lequel les grévistes ont l’habitude de mener leur rassemblement a décidé de leur interdire l’accès. « Il est interdit d’entrer à l’hôpital pour une manifestation. Les deux mois de grève nous ont suffi. Même l’amphithéâtre est fermé pour tout mouvement ou déclaration de grève parce que ceci est fait pour les formations et l’enseignement », a souligné le professeur Jean Claude Razafimahandry.
Mais les grévistes aussi continuent de camper sur leur position et pensent déjà à demander l’hospitalité du ministère de la fonction publique si leur terrain habituel n’est plus accessible. En même temps, ils prévoient de se réunir aujourd’hui pour présenter les nouvelles stratégies pour mener jusqu’au bout leur lutte.
Par ailleurs, l’intention de la cellule de crise interministérielle à procéder au blocage total de la machine administrative n’a pas abouti. Hier, chaque ministère a continué de fonctionner normalement, note Express de Madagascar. Selon ce quotidien, des listes de présence auraient circulé silencieusement dans les couloirs et les bureaux des ministères.
Du côté du tribunal Anosy, de nombreux magistrats avaient aussi rejoint leurs postes comme à l’accoutumée même si le président du SMM (syndicat des magistrats de Madagascar) figure parmi les ténors de la cellule de crise interministérielle qui avait appelé à cette grève générale.