Poursuivi pour complicité de corruption, Said Abdallah Rifki, un haut dignitaire musulman aux Comores, a été condamné à cinq ans de prison, dont deux ans ferme, ainsi qu’à une amende d’un million de francs comoriens (environ 2.000 euros). Un verdict prononcé lundi 2 janvier par le tribunal correctionnel de Moroni, rapporte le journal Albalad.
C’est une triste première. La plus haute autorité musulmane des Comores s’est retrouvée dans le collimateur de la justice. Le Secrétaire général du muftorat Said Abdallah Rifki a été jugé coupable de « complicité de corruption » et a été condamné à 5 ans d’emprisonnement, dont 3 avec sursis par le tribunal correctionnel de Moroni.
La justice comorienne a reproché au dignitaire comorien d’avoir joué un rôle d’intermédiaire pour soudoyer un haut fonctionnaire du ministère de l’Intérieur afin de faire lever l’interdiction de vente de boissons alcoolisées. De source judiciaire, il aurait agi au profit d’un gros négociant en alcools dans l’archipel dont le nom n’a pas été divulgué. Le tribunal a indiqué que Rifki avait joué le rôle de « facilitateur » dans une transaction financière qui a servi à « corrompre » l’employé du ministère.
Selon Albalad, Said Abdallah Rifki serait intervenu pour renégocier la réouverture des débits de boissons alcoolisées auprès du directeur du cabinet du ministère de l’Intérieur, moyennant la somme de 2 millions de francs comoriens (environ 4.000 euros). A sa plus grande surprise, c’est ce directeur du cabinet lui-même qui l’a dénoncé à la police.
« C’est une victoire pour la justice et le droit. Les citoyens sont égaux devant la loi, ministre ou chef religieux », se félicite l’avocat du gouvernement comorien Me Bahassane Ahmed.
Les avocats de l’accusé ont d’ores et déjà annoncé qu’ils allaient faire appel pour contester cette condamnation. "On ne pouvait que faire appel", affirme Me Harmia Ahmed. Cette affaire a fait grand bruit aux Comores. Une semaine avant son arrestation le 24 décembre, Rifki avait pourtant conduit une délégation de dignitaires religieux pour aller persuader le chef de l’Etat, Ikililou Dhoinine, d’interdire la vente de boissons alcoolisées.
Une intervention immédiatement suivie par la fermeture des magasins et débits d’alcools dans le "souci de garantir la sérénité et la préservation des mœurs", selon la note du ministère de l’Intérieur adressée le 19 décembre aux commerçants de boissons alcoolisées.