ARNAUD ANDRIEU/SIPA
Le président du syndicat national des journalistes comoriens plaide pour l’arrêt des actes d’intimidation à l’encontre des professionnels de l’information.
À l’occasion de la Journée mondiale de la presse, Reporters sans frontières a dévoilé son classement annuel de la liberté de la presse dans 180 pays.
> La liberté de la presse, cette lutte perpétuelle
Selon l’information relayée par Mayotte Hebdo, l’Union des Comores se retrouve au 71e rang. Des réalités préoccupantes se cachent derrière ce recul : pression politique, détentions arbitraires et précarité dans les rédactions.
D’après le bureau Afrique de RSF, la régression des Comores s’explique principalement par une baisse de 5 points de son score économique, ce qui traduit une dégradation des conditions financières du secteur médiatique au cours de l’année écoulée. De plus, le pays a enregistré une diminution de 4,9 points de son score social, signe que certains sujets de société restent sensibles. Ces scores sont établis à partir d’une enquête menée par l’Organisation auprès de ses collaborateurs, qui évaluent la liberté de la presse sur la période écoulée.
Bien que mieux classé que Madagascar (113e), l’archipel reste en retrait par rapport aux Seychelles et à l’île Maurice.
Malgré une première autorisation à défiler pacifiquement dans la capitale, les professionnels du secteur continuent de subir pressions hiérarchiques et risques de censure. Le président du Syndicat national des journalistes comoriens, Ahmed Bacar, a critiqué le recours fréquent à la gendarmerie et à la justice pour des affaires qui pourraient être traitées par le Conseil national de la presse de l’audiovisuel (CNPA).
La rédactrice en chef de La Gazette des Comores, Andjouza Abouheir, insiste sur le droit des journalistes à exercer librement, sans menaces ni censure. Elle-même avait été jugée en 2023 pour avoir relayé un discours. Le 29 janvier, un correspondant de Reuters a passé 24 heures en détention pour un article jugé sensible.
Outre les pressions, les journalistes comoriens sont confrontés à la précarité et à un manque de formation adéquate. Le président du SNJC plaide pour l’organisation de formations continues pour les professionnels et de formations initiales pour les jeunes aspirants journalistes.
Les subventions publiques sont majoritairement allouées aux médias d’État, créant un déséquilibre. Cette situation favorise une information orientée et financée par le pouvoir, souvent au détriment de la déontologie. À l’échelle du continent, RSF dénonce également la concentration médiatique entre les mains d’acteurs proches des cercles politiques.