Trois détenus se sont évadés de la maison d’arrêt de Moroni lundi. Ils ont escaladé le mur de la prison à l’aide d’une corde. Les autorités ont mis en cause une société privée en charge du gardiennage des lieux.
Une
évasion spectaculaire s’est déroulée dans la nuit du lundi 17 à mardi 18 mars à la maison d’arrêt de Moroni, aux
Comores. Trois détenus ont réussi à s’échapper, en escaladant le mur de l’établissement à l’aide d’une corde.
Les trois fugitifs sont parvenus à se glisser dehors à l’insu des gardiens, d’après les premiers éléments recueillis par Alwatwan. Les autorités comoriennes ont immédiatement réagi après cette évasion en l’attribuant au manque de vigilance de la part d’une société privée en charge du gardiennage de la prison.
« L’évasion a eu lieu vers 19h30. Où étaient les agents de sécurité ? Qu’est-ce qu’ils faisaient pendant qu’ils devraient surveiller les détenus ? Ces agents détiennent toutes les clefs de la prison, ce sont eux qui ouvrent et referment la porte quant la police pénitentiaire en a besoin. Tout ce qui est sécurité, c’est à la charge de Securicom », déclare Mohamady Allaoui, directeur administratif du service pénitentiaire.
Plusieurs interrogations restent également sans réponse concernant la corde que les trois détenus ont utilisée au moment de l’évasion. « Cette corde a été attachée de l’extérieur à un poteau et puis jetée à l’intérieur de la chambre B. Je me demande où est-ce qu’ils étaient au point que personne n’ait vu cette corde. Comment cette corde a pu atterrir à la chambre B ? Qui a attaché cette corde ? En dehors des agents de Securicom, il y avait des éléments de l’And (armée comorienne, ndlr), et vraiment on n’a rien vu », ajoute le patron du service pénitencier comorien.
Et il poursuit son recoupement : « À 19h, les gens ne se bousculent pas pour remettre le repas des leurs proches qui sont en détention. Il s’agit simplement d’une défaillance de mesure de sécurité. A mon avis, il faut augmenter l’effectif des agents de sécurité ».
Alwatwan rappelle que la maison d’arrêt de Moroni est régulièrement le théâtre d’une évasion de détenus, et ce, dans des circonstances parfois floues. Pas plus tard que la semaine dernière, un autre détenu s’est évadé à l’heure de la distribution des médicaments destinés aux prisonniers malades.
« Les agents de sécurité accompagnaient les détenus pour prendre leurs médicaments. Au tour du sixième détenu, l’agent de sécurité s’est affairé ailleurs. Donc, le détenu a saisi l’opportunité offerte par cette absence de vigilance pour s’évader de la prison. Il est primordiale de rechercher ces gens afin qu’ils réintègrent la prison. Sinon, cela ne fait que contribuer à nuire à l’image de la justice », raconte un agent du ministère de la Justice, évoquant un fait qui s’est produit en présence du gardien en chef.
Mise en cause dans cette série d’évasions, la société de sécurité Securicom se défend d’en être responsable, rejetant le tort sur d’autres facteurs, comme les mauvaises conditions de détention ou encore la surpopulation carcérale. « Il est très tôt de remettre les responsabilités sur le compte de qui que ce soit. Il y a une enquête en cours, il serait mieux d’attendre les conclusions de cette enquête », indique-t-on dans les colonnes d’Alwatwan. Et elle ajoute : « les problèmes de la prison sont plus graves que ce qu’on peut imaginer Les conditions de vie sont tellement déplorables au point que c’est l’instinct de survie qui y règne. Ces gens sont prêts à tout pour fuir cet endroit ».
Avant de conclure : « La prison est conçue pour recevoir 80 détenus et, maintenant, ils sont plus de 275. Même si l’effectif des agents de sécurité est augmenté, le problème d’évasion ne se réglera pas car l’endroit est invivable ». Pour l’heure, l’enquête concernant cette évasion ainsi que la traque des trois évadés sont en cours.