Les habitants de Moroni ont manifesté massivement dans la rue pour exprimer leur ras-le-bol face aux coupures d’électricité et à la pénurie d’eau qu’ils endurent depuis fort longtemps.
Une centaine d’abonnés de la société comorienne d’eau et d’électricité, Ma-mwe, ont laissé éclater leur colère dans les rues de Moroni suite aux coupures qui sévissent « depuis plusieurs semaines pour l’eau et des années pour l’électricité », relaie le quotidien local Alwatwan.
« Rien n’allait pas. Mais depuis pratiquement trois semaines, les choses vont de mal en pis », se désole Fatouma Iliasse, membre du mouvement citoyen, l’un des initiateurs de la manifestation.
Au cours du défilé, qui s’est élancé vers le siège de Ma-mwe, les manifestants ont réclamé à cor et à cri la démission du directeur général de l’établissement, Omara Mgomri, vivement critiqué pour « la mauvaise gestion de la société de Madji na Mwendje ya Komori (Ma-mwe) ». Arrivé à la tête de la société d’eau et d’électricité il y a 15 mois, Omara « Mgomri doit rendre son tablier mais nous proposons également que le gouvernement sépare la gestion de l’eau de celle de l’électricité », insiste Fatouma Iliasse.
Bien que bénéficiaire récemment des subventions allouées par le gouvernement ainsi que d’une aide financière octroyée par la Banque africaine de développement (Bad), la Ma-mwe peine encore à satisfaire les besoins de ses abonnés. « Je ne maitrise rien sur ces subventions mais, je reconnais que la Ma-mwe méprise la population. Nous vivons une situation délicate », déplore une manifestante. « Ce qui me choque, c’est le fait qu’il se refugie dans un silence malgré les revendications de sa clientèle », s’indigne-t-elle.
Outre des abonnés, des personnalités politiques locales ont également pris part à la contestation. Aperçu en première ligne du cortège, le député de Moroni nord, Abdoulfatah Saïd Mohamed a appelé à une nouvelle mobilisation massive de la population le weekend prochain « pour revendiquer ses droits », selon ses propres termes. « La mobilisation de tout le monde sur cette place de l’indépendance à 10 h du samedi 18 janvier prochain est primordiale. Ceci est pour manifester notre indignation contre la Ma-mwe », affirme l’élu comorien.
Des artistes locaux comme le rappeur Cheick MC ont aussi resserré les rangs des manifestants. Celui-ci estime que cette démonstration de force n’est pas assez virulente « comparativement à ce que nous fait subir la Ma-mwe ». Celui qui décrie dans son controversé tube ‘Kapvu’ - qu’il n’y a plus rien à Moroni, même pas l’eau et l’électricité - estime que « ce n’est pas seulement la Mamwe mais toutes les sociétés nationales profitent du silence et de la passivité des Comoriens pour amplifier leurs caprices. Mais, cette fois-ci, j’espère que nous aboutirons à des solutions fiables et durables ». Le chanteur comorien se dit convaincu que « tout mouvement de contestation conduit par les femmes dans ce pays réussit toujours ».
Sous les feux des critiques, le patron de la Ma-mwe, Omara Mgomri, appelle la population à faire preuve de patience car dans son récent bilan, il a dit « vouloir aller doucement mais sûrement » dans le redressement de la société, qui est confrontée depuis fort longtemps à diverses difficultés liées notamment à la fragilité de sa trésorerie et à la vétusté de ses matériels.
Concernant les coupures d’eau, « le programme de l’eau est là mais il y a plusieurs choses à faire, à mettre en place avant de remettre tout en ordre », assure-t-il. Il avait également annoncé avoir « ordonné qu’il y ait un calendrier du rationnement d’un quartier à un autre », un calendrier qui n’est plus respecté depuis presque trois semaines, regrette Alwatwan dans son édition en ligne.