Arnaud Andrieu -SIPA
Le 16 avril à Moroni, des citoyens comoriens se sont rassemblés pour manifester contre toute velléité de renforcement militaire français à Mayotte.
Près de deux cents personnes ont répondu à l’appel du Comité Maoré et de l’Organisation de la Société Civile Comorienne (OSCC), appuyés par des figures politiques locales.
Leur revendication principale : refuser la militarisation de l’île. Ils s’opposent aussi à une éventuelle intégration à la Commission de l’Océan Indien (COI), à la veille du sommet des chefs d’État prévu le 24 avril 2025 à Madagascar.
Le lieu du rassemblement, hautement symbolique, se situe devant le bâtiment où fut proclamée l’indépendance des Comores le 6 juillet 1975. Parmi les participants, plusieurs anciens ministres et responsables politiques se sont exprimés pour insister sur le danger d’un tel projet militaire sur une île toujours revendiquée par l’Union des Comores.
Les organisateurs ont adressé un courrier officiel au Coordinateur du Système des Nations Unies à Moroni. Ils y dénoncent le projet présumé de création d’une nouvelle base navale française à Mayotte, affirmant que cela contrevient à la résolution des Nations Unies de 1971 qui désigne cette zone comme "région de paix". Selon eux, une telle initiative constitue une "menace pour la stabilité régionale et un acte hostile envers la souveraineté comorienne".
Ce même courrier s’inquiète des efforts diplomatiques de la France pour faire intégrer Mayotte en tant que membre à part entière de la COI. Les signataires y voient une atteinte grave à l’intégrité territoriale des Comores et un précédent dangereux pour l’ordre régional.
Face à ces accusations, l’ambassade de France à Moroni a publié un communiqué, le jour même, pour dissiper ce qu’elle qualifie de "rumeurs infondées". Elle y affirme qu’aucune annonce n’a été faite concernant la construction d’une seconde base militaire à Mayotte. Déjà en mars, le cabinet du ministre des Outre-Mer, alors dirigé par Manuel Valls, avait rejeté ces informations via l’AFP.
Le communiqué rappelle que "le gouvernement français n’a pas annoncé la construction d’une nouvelle base militaire navale à Mayotte. Ceci est une contre-vérité que nous démentons formellement".
Ce sujet est évoqué dans un contexte diplomatique sensible, à l’approche du 5e sommet de la COI. Les chefs d’État des cinq pays membres, dont le président Emmanuel Macron seront présents à Madagascar.
Source : Journal de Mayotte