Les Comores ont enregistré 503 cas d’actes d’abus et de maltraitance d’enfants sur l’ensemble de l’année 2013. Plusieurs associations locales tirent la sonnette d’alarme face à la montée constante du phénomène.
Au total 503 cas d’actes d’abus et de
maltraitance d’enfants ont été recensés sur tout le territoire comorien durant l’année 2013. C’est l’Ong Hifadhu qui a dévoilé ces chiffres inquiétants dans son rapport national portant sur la lutte contre toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des enfants aux
Comores.
L’association comorienne s’est ainsi alarmée de la recrudescence des violences faites aux enfants au cours de ces dernières années. ’’Depuis l’installation des services d’écoute en 2004 à Ngazidja (Grande-Comore) et Ndzuani (Anjouan) et 2006 à Mwali (Mohéli), les rapports des activités de ces centres établissent une montée des actes de violences envers les enfants d’une année à l’autre’’, déclare à Alwatwan Saïd Mohamed, chef des services d’écoute.
Dans le détail, plus de la moitié des cas relevés en un an, soit quelque 236, relèvent d’agressions sexuelles, 233 sont en rapport avec des demandes de pension alimentaire, 33 cas constituent des atteintes psychologiques et physiques et enfin, un cas d’abandon complète ce sombre tableau.
D’après le responsable comorien, ce sont les petites filles âgées de 10 à 14 ans qui font les frais le plus souvent d’agressions sexuelles. A ce sujet, les chiffres parlent d’eux-mêmes car au moins 54 cas de grossesses des filles mineures, dont une âgée de 10 ans, ont été comptabilisés au cours de l’année 2013. ’’Des jeunes filles mineures sont violées et dans certains cas devront affronter une grossesse non désirée et deviennent mères sans l’avoir voulu ou subissent des avortements clandestins avec tous les risques que cela peut engendrer’’, déplore Saïd Mohamed.
Le chef des services d’écoute a tiré la sonnette d’alarme face à la situation à laquelle sont confrontés de nombreux jeunes comoriens, qui sont marginalisés par la société et livrés à eux-mêmes. Il regrette que ’’d’autres enfants sont abandonnés ou négligés par les familles et deviennent des cibles potentiels des agresseurs".
Avant de poursuivre, "Il est donc temps de tirer la sonnette d’alarme pour que les moyens financiers et humains soient fournis au profit des services d’écoute afin de leur permettre de remplir leurs missions qui consistent à protéger et promouvoir les droits des enfants’’.
Sur le front de la lutte contre les violences faites aux femmes, la présidente du collectif Hifadhu, Rahamatou Goulam, a relaté des cas d’atrocités qui font le quotidien de certaines femmes aux Comores. Elle a apporté le témoignage d’une femme, mariée à un policier, qui a dû être prise en charge par son ONG l’an dernier en raison des violences subies au domicile conjugal. Elle raconte que la mère de famille a été victime ’’d’actes d’une barbarie inimaginable, notamment le fait que son conjoint s’amusait à éteindre ses mégots de cigarettes sur ses parties intimes".
Le plus triste selon elle, "de nombreuses femmes ne dénoncent pas les comportements de leurs conjoints par peur de se trouver sans sous et de surcroît seules avec des enfants à nourrir ou une grossesse à assumer’’. Autres facteurs qui expliquent le silence des victimes de violences, Rahamatou Goulam cite notamment la pauvreté et la vulnérabilité financière des femmes…, ce qui complique le combat contre les violences faites aux femmes sur l’archipel.
Tentant d’attirer l’attention des autorités locales, elle conclut : ’’nous ne savons pas quoi faire face à ce problème, les auteurs de ces actes de violence sont emprisonnés et relâchés sans la moindre explication’’. La présidente de Hifadhu raconte également qu’une jeune fille est tombée enceinte depuis le mois d’août dernier après avoir été violée par son grand-père, qui aujourd’hui ’’court toujours’’.