Les militants de la cause chagossienne ont contesté une information jugée « erronée » émanant de la Maison Blanche concernant la compensation des anciens habitants de l’archipel des Chagos.
En réponse à une pétition lancée par les militants pro-chagossiens, l’administration américaine a ouvertement reconnu la souveraineté britannique sur cet archipel de l’Océan indien, estimant que les autochtones déportés avaient tous été compensés.
Les informations mises en avant par la Maison-Blanche dans son courrier électronique en date du 23 décembre seraient totalement « fausses », selon l’Ong Speak et le Groupe Réfugiés Chagos (GRC). A les entendre, seule une infime partie de la population originaire des Chagos avaient pu bénéficier de ces compensations.
« Contrairement à ce que l’administration Obama affirme, seulement 230 Chagossiens sur 1876 qui en avaient fait une demande ont obtenu une somme d’argent. Sauf dans quelques cas, la plupart des Chagossiens ne savaient pas lire et n’étaient pas au courant que cette allocation devait être interprétée comme une compensation et un renoncement à leur droit de retour », réagissent l’Ong Speak - qui regroupe des juristes - et le collectif GRC, qui rassemble les natifs de l’archipel.
Les deux associations expliquent qu’« aucun des Chagossiens qui se sont installés aux Seychelles n’a touché d’allocation ». Le GRC affirme avoir lancé en mars dernier la pétition internationale « Redressing Wrongs Against the Chagossians » sur le site de la Maison-Blanche, dans le but d’amener les Américains « à reconnaître leur part de responsabilité dans l’énorme injustice commise envers ce peuple et d’en faire amende honorable ».
« C’est un fait connu que la déportation orchestrée par la Grande-Bretagne était destinée à permettre aux Américains de construire leur base militaire de Diego Garcia », fustigent l’ong Speak et le GRC.
Dans un courriel signé par les adjoints de trois secrétaires d’Etat américains, la position américaine a été très claire : « les Etats-Unis reconnaissent les territoires britanniques de l’océan Indien, dont fait partie l’Archipel des Chagos ».
Selon l’administration américaine, les Britanniques « ont, par plusieurs moyens, compensé les anciens habitants des Chagos pour les moments difficiles que ces derniers ont endurés. Ceci incluant les compensations financières et la citoyenneté britannique dont sont bénéficiaires quelques 1000 personnes qui habitent, à présent, le Royaume-Uni ».
Le mouvement SPEAK et le GRC qualifient de « décevante » cette réponse de la Maison Blanche. « Ils ont soigneusement fabriqué une réponse et déplacé sans aucune honte la responsabilité sur la Grande-Bretagne en affirmant habilement que celle-ci a pris plusieurs mesures pour compenser les Chagossiens déportés », s’indignent SPEAK et GRC.
Environ 2 000 Chagossiens ont été poussés à la déportation dans les années 1960 et 1970 dans le cadre d’un projet militaire des Etats-Unis sur l’archipel. La plupart des déportés ont trouvé une terre d’accueil notamment à Maurice et aux Seychelles. Les Chagos abritent actuellement la base américaine de Diego Garcia, tandis qu’un parc marin a été créé autour de l’archipel, à l’initiative des Britanniques.
Source : L’Express de Maurice