A Maurice, le secteur de l’hôtellerie traverse actuellement une mauvaise passe. Et selon les prévisions, les prochains mois s’annoncent encore très difficiles.
Les arrivées touristiques sont en berne, le taux d’occupation des hôtels laisse à désirer, et les réservations pour les prochains mois se font au compte-goutte… Bref, sur l’île sœur, « les hôteliers broient du noir », écrit L’Express de Maurice, qui dresse un sombre état des lieux de l’industrie touristique mauricienne, dans un dossier intitulé « Hôtellerie en zone rouge ».
Après avoir enregistré une fréquentation de 65% au premier trimestre, les établissements hôteliers ne seront remplis qu’à seulement 46 % en moyenne au deuxième trimestre, si les perspectives envisagées se confirment.
« La situation devient d’autant plus compliquée pour le taux de remplissage, qu’à ce jour, nous prévoyons une perte de 2 % pour les mois de juin et de juillet par rapport à ces deux mois l’année dernière », affirme Jocelyn Kwok, de l’Association des hôteliers et de restaurateurs de l’île Maurice (AHRIM). Selon ses explications, le secteur de l’hôtellerie subit de plein fouet les effets de la crise dans les pays d’Europe, marché émetteur traditionnel de l’île Maurice. « Les hôtels souffrent, avec ce qui se passe en Europe », explique Jocelyn Kwok.
Avec un parc hôtelier composé de 117 établissements, Maurice a du mal à recruter des clients. Ainsi, sur les 12 000 chambres disponibles en avril et mai, quelque 4 000 sont restées inoccupées, soit un taux d’occupation moyen de 65 %. Dans le cas où l’occupation passe à 46 % en juin et juillet prochains, ce sont plus de 6 000 chambres qui ne trouveront pas preneurs, ce qui accroît un peu plus l’inquiétude des hôteliers mauriciens.
Et pour cause, la chaîne hôtelière réunionnaise Apavou envisagerait actuellement de retarder la construction de ses 12 nouveaux établissements sur l’île. « Si seulement deux tiers des chambres sont remplies, la logique veut que l’on optimise celles qui existent déjà. Alors pourquoi en construire encore ? D’autant plus que le produit est fatigué et la concurrence en hausse. Et, pour l’instant, il n’y a pas de Plan B », se désole l’architecte Gaëtan Siew, ancien président de l’Union internationale des architectes.
Alors que l’ensemble des établissements se trouvent dans la mauvaise passe, « certains hôtels ont décidé de baisser leurs tarifs pour survivre », révèle L’Express de Maurice. Une solution à laquelle n’adhère pas l’Association of Inbound Operators Mauritius. « Il ne faut certainement pas se ruer vers une braderie tous azimuts, si l’on veut préserver l’image de qualité de la destination touristique mauricienne. Il faut garder les tarifs au même niveau et améliorer le service davantage », réagit Bruno Lebreux, président de cette association et directeur de Concorde Travel Agency.
Au milieu de cette tourmente, « la seule bonne nouvelle est la performance sur les marchés émergents, notamment l’Inde et la Chine », note L’Express de Maurice, pour qui des efforts sont encore à faire au niveau des transports aériens, notamment par la mise en place de nouvelles dessertes.
Il faut rappeler que Maurice prévoit de franchir le cap symbolique d’un million de touristes pour cette année 2013, une prévision qui semble aujourd’hui trop ambitieuse compte tenu du contexte actuel.