Plus d’un quart des toxicomanes mauriciens affirment qu’ils ont commencé à se droguer avant d’avoir 18 ans. Les autorités locales s’inquiètent du rajeunissement de cette communauté.
Les chiffres dévoilés par la National Agency for the Treatment and Rehabilitation of Substance Abuse (NATReSA) font froid dans le dos. Ainsi, 28,6 % des toxicomanes répertoriés sur l’île déclarent qu’ils ont commencé à
consommer de la drogue avant l’âge de 18 ans et 37,1 % se sont drogués pour la première fois entre 15 ans et 19 ans.
La toxicomanie touche de plus en plus de jeunes mauriciens, un phénomène qui suscite l’inquiétude des autorités locales. « (…) il y a un rajeunissement dans le profil des toxicomanes », qui ont en commun d’être accros à tous types de drogue qui passent sous leurs yeux, constate le quotidien Le Matinal.
« Il y a beaucoup de jeunes qui consomment de la drogue. Outre la cocaïne, les jeunes s’adonnent à des produits hallucinogènes, essaient toutes les nouvelles drogues comme les psychotropes ou des ‘drogues médicamentées’ telles que les sirops pour la toux à base de codéine », déclare un haut cadre du ministère de la Santé.
Selon un rapport de l’United Nations Office on Drugs and Crime (UNODC) datant de 2011, Maurice se positionne comme le premier pays consommateur de drogue en Afrique. Un triste palmarès qui reste d’actualité, à en juger par les chiffres délivrés par la NATReSA.
« C’est vrai qu’il y a un rajeunissement mais on ne peut pas calculer les vrais chiffres. C’est un cycle infernal. On subit l’influence des amis. On note de plus en plus l’attrait des substances illicites, de la cigarette et de l’alcool pour les jeunes », souligne le directeur de la NATReSA, Vishnu Bundhun.
D’après lui, il s’agit d’un fléau qui doit être combattu à la racine, depuis le cocon familial. « Outre l’éducation parentale, un accompagnement de ces jeunes à des réunions d’information et de prévention sur la drogue sera efficace », propose le responsable mauricien.
A entendre le travailleur social, Imran Dhanoo du centre Idrice Goomany, le rajeunissement de la communauté des toxicomanes est dû à la multiplication des drogues mises en circulation sur l’île. « Depuis deux ans, on tire la sonnette d’alarme sur ce phénomène. L’âge d’expérimentation de la consommation des drogues est devenu beaucoup plus jeune », s’indigne-t-il.
Pour leur part, le ministère de la Santé et la NATReSA comptent miser sur le renforcement des actions de sensibilisation en faveur des plus jeunes. « Il faut qu’ils comprennent qu’il est facile de succomber à la tentation mais difficile d’en sortir », plaide-t-on au sein des deux instances. Le Matinal précise que les élèves d’une centaine de collèges implantés sur l’île seront sensibilisés sur l’abus de substances illicites par la NATReSa d’ici fin mars.