Le Belge Herman Van Rompuy, discret et consensuel, est le premier président de l’Union européenne. Ce Flamand de Bruxelles, actuel Premier ministre, a réussi à pacifier le plat pays en un temps record, après un an et demi de querelles communautaires. Chrétien-démocrate, il a bénéficié du soutien de la France et de l’Allemagne, qui louent ses capacités d’écoute et son sens du compromis
C’est un inconnu du grand public qui rentre dans l’Histoire. Le Premier ministre belge, Herman Van Rompuy devient le premier président de l’Union européenne. Cette fonction de présidence "stable" du Conseil européen (réunion des dirigeants de l’UE), créée par le Traité de Lisbonne, prendra le relais du système actuel de présidence tournante tous les six mois. C’est l’un des quatre postes stratégiques de l’Europe avec la présidence de la Commission, du Parlement, et le haut représentant.
A 62 ans, le Premier ministre belge est peu connu hors du Benelux. Catholique pratiquant, père de quatre enfants, c’est un homme de lettres. Il est l’auteur de 6 livres, dont Christianisme, une pensée moderne. Poète à ses heures, il s’est fendu d’un haïku, mini poème japonais, insolite pour un politicien : "Cheveux dans le vent, le vent rattrape les années, partis les cheveux…"
Docteur en économie, il est entré en politique il y a 30 ans au sein des démocrates-chrétiens flamands, dont il était l’un des leaders des conservateurs, adepte de la rigueur budgétaire. Appelé par le Roi Albert II en décembre 2008 à la tête de la Belgique, il a affirmé : "J’ai des fonctions importantes mais je ne suis pas important". Les Belges lui savent gré d’avoir réussi à calmer les tensions entre Wallons et Flamands.
L’homme est connu pour être un facilitateur et pour ses qualités d’écoute. "Il a des qualités, mais le sacraliser, comme le font aujourd’hui certains francophones, c’est oublier qu’il est notamment un Flamand pointu, doté d’une forte détermination à défendre les intérêts de sa communauté. Il n’est ni un saint, ni un sage, ni un modéré sur le plan institutionnel" affirme un de ses ministres. Un ancien cadre du Parti chrétien-démocrate ajoute : "Sous son apparente modestie et son humour se cache un profond cynisme. Cet homme peut tuer ses rivaux sans laisser de traces..."
Sur la scène internationale, il ne devrait pas concurrencer le haut représentant, ni les autres dirigeants européens. Et c’est peut-être ce qui les a séduits, quand ils étaient effrayés à l’idée d’installer un flamboyant Tony Blair à ce poste. Il ne leur fera pas d’ombre. Nicolas Sarkozy a assuré qu’il ne s’agissait pas d’un choix par défaut. "Profondément européen, c’est un homme extrêmement décidé qui sait où il va, un parfait connaisseur de la politique européenne", a-t-il assuré. Et si l’on en croit un ancien ministre belge, l’absence de charisme d’Herman Von Rompuy n’est pas dommageable, car l’Europe "a plus besoin de gestionnaires que de visionnaires". Il lui reste donc à doter cette nouvelle fonction de président d’une crédibilité politique, son rôle reste à inventer.