L’opposition pro-occidentale a rassemblé mardi à Kiev 2.000 de ses partisans pour dénoncer la politique de rapprochement avec la Russie du président Viktor Ianoukovitch, dont les proches ont assuré agir en fonctions des intérêts nationaux.
KIEV (AFP) - L’opposition pro-occidentale a rassemblé mardi à Kiev 2.000 de ses partisans pour dénoncer la politique de rapprochement avec la Russie du président Viktor Ianoukovitch, dont les proches ont assuré agir en fonctions des intérêts nationaux.
Ce rassemblement à l’appel de l’ex-Premier ministre Ioulia Timochenko et de plusieurs autres partis d’opposition nationaliste et pro-occidentale près du Parlement fut toutefois moins important que ne l’espéraient les organisateurs.
"Ukraine !", ont-ils scandé à plusieurs reprises, brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : "Ianoukovitch, on ne vend pas les parents et la patrie !" et "Ianoukovitch, arrête de vendre l’Ukraine !"
"Ils vendent tout : notre territoire, notre indépendance, notre identité", a lancé devant les manifestants Mme Timochenko.
A ses côtés, le leader du parti nationaliste Svoboda (Liberté), Oleg Tiagnybok, a accusé le chef de l’Etat de "renouveler l’Union soviétique" et de "se mettre à plat ventre devant Moscou".
"L’Ukraine est en danger. Ils ont donné une partie de notre souveraineté", a renchéri l’ex-chef de la diplomatie ukrainienne, Boris Tarassiouk.
Cette manifestation intervient trois semaines après la signature d’un accord sur le prolongement de 25 ans du bail de la base navale russe en Crimée (sud de l’Ukraine), en échange d’une réduction de 30% du prix des livraisons de gaz russe.
Quelques jours plus tard, le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a proposé de fusionner Gazprom, premier producteur mondial de gaz, et son homologue ukrainien Naftogaz, en difficulté.
La conclusion de nouveaux importants accords de coopération entre Kiev et Moscou est attendue, à l’occasion d’une visite en Ukraine du président russe, Dmitri Medvedev, prévue les 17 et 18 mai.
Le chef de l’administration présidentielle ukrainienne Sergui Liovotchkine a rejeté les accusations des opposants. "On prépare ces dossiers pour les négociations, mais il est trop tôt pour dire" si des accords seront prêts, a-t-il dit à des journalistes.
"Il n’y a et ne peut y avoir rien d’anti-ukrainien" dans ces documents, a-t-il assuré. "Toute coopération n’est possible qu’en se basant sur les principes des intérêts nationaux de l’Ukraine", a encore fait valoir le responsable.
Mardi, Mme Timochenko a affirmé que ces nouveaux "documents anti-ukrainiens" donneront aux Russes le contrôle du nucléaire civil et de l’énergie électrique en Ukraine. "Une fois que tout cela sera signé, nous n’aurons plus rien", a-t-elle lancé.
Le gouvernement ukrainien doit faire un rapport mercredi au Parlement sur ses négociations avec Moscou, une réunion qui pourrait s’avérer houleuse.
Le vote de ratification au Parlement de l’accord sur la flotte russe de la mer Noire avait complètement dégénéré, des oeufs et des fumigènes ayant été lancés dans la salle tandis que les députés pro-présidentiels et ceux de l’opposition n’avaient pas hésité à échanger des coups et à s’empoigner.
Afin d’éviter tout débordement mardi en marge de la manifestation, des centaines de policiers anti-émeute ont été déployés autour du Parlement pour empêcher les opposants de s’approcher et les séparer de plusieurs centaines de partisans du président réunis à proximité.
M. Ianoukovitch a succédé en février au fervent pro-occidental Viktor Iouchtchenko, dont les relations avec Moscou étaient glaciales