Les premiers pirates somaliens présumés jugés en Europe ont clamé leur innocence mardi devant le tribunal de Rotterdam (ouest des Pays-Bas) où s’est ouvert leur procès, l’un d’eux affirmant qu’ils n’étaient que de simples pêcheurs.
ROTTERDAM (Pays-Bas) (AFP) - Les premiers pirates somaliens présumés jugés en Europe ont clamé leur innocence mardi devant le tribunal de Rotterdam (ouest des Pays-Bas) où s’est ouvert leur procès, l’un d’eux affirmant qu’ils n’étaient que de simples pêcheurs.
"Notre but était d’aller pêcher", a déclaré , 25 ans, l’un des cinq prévenus poursuivis pour l’attaque d’un cargo turc enregistré aux Antilles néerlandaises dans le golfe d’Aden le 2 janvier 2009.
Le moteur de leur embarcation était "cassé", a-t-il expliqué : "Nous voulions recevoir de l’aide du bateau", a-t-il assuré au président du tribunal, Jan Willem Klein Wolterink.
"Alors que nous approchions, nous avons levé les mains en l’air. Pendant que nous avions les mains en l’air, ils ont tiré sur nous", a-t-il continué, assurant qu’aucun coup de feu n’avait été tiré en direction du cargo.
Les prévenus avaient été arrêtés par un navire militaire danois alors qu’ils attaquaient un cargo turc enregistré aux Antilles néerlandaises, à bord d’une embarcation rapide et munis d’armes à feu, selon l’accusation.
Ils avaient été remis par la marine danoise aux autorités néerlandaises à Bahreïn. Transférés aux Pays-Bas le 10 février 2009, ils sont depuis en détention provisoire.
Le président du tribunal a lu à l’audience le témoignage d’un machiniste du cargo turc disant avoir "vu que l’un des hommes avait un lance-roquettes dans les mains". "J’ai vu le lance-roquettes pointé sur le pont, je l’ai vu tirer", a-t-il assuré, expliquant que la roquette avait manqué son objectif. "J’avais peur pour ma vie".
Poursuivis pour piraterie, les prévenus, âgés de 25 à 45 ans, encourent jusqu’à douze ans de prison. Cinq journées d’audience sont prévues et le jugement devrait être rendu le 16 juin.
"Je n’ai commis aucun crime, je n’ai attaqué personne, je n’ai rien fait", a affirmé à l’ouverture du procès mardi matin Abdirisaq Abdulahi Hirsi, 33 ans. "Je suis la victime ici", a assuré de son côté Sayid Ala Garaar, 39 ans : "ils ont détruit mon bateau et mis ma vie en danger".
Le tribunal a rejeté la demande d’ajournement du procès de l’un des avocats de la défense, selon lequel "tous les témoins n’ont encore pas été entendus".
Deux des cinq pirates présumés, interrogés par le président, ont dit toutefois vouloir que leur procès démarre bien mardi.
"J’ai des problèmes en étant en prison, ma famille est dans une situation abominable", a dit l’un d’eux, Jama Mohamed Samatar, 45 ans.
Deux cent quinze attaques ont été menées par des pirates somaliens contre des navires de la marine marchande en 2009 aux larges des côtes somaliennes, sur un total de 409 dans le monde, selon le Bureau maritime international (BMI).
Au cours des dernières années, la plupart des pirates arrêtés par des navires de guerre étrangers au large de la Somalie ont été relâchés, faute de preuves suffisantes ou en raison de l’engorgement des systèmes judiciaires et pénitentiaires locaux.
Plus de 110 pirates ont été déjà été jugés au Kenya. Six pirates somaliens avaient été condamnés à mort le 18 mai au Yémen pour une tentative de détournement d’un pétrolier yéménite qui avait fait deux morts.