Les Britanniques sont "eurosceptiques, mais pragmatiques" et finiront par croire en l’Union européenne, assure dans une interview accordée à l’AFP le chef de file des libéraux-démocrates, Nick Clegg, le plus europhile des candidats aux législatives britanniques du 6 mai.
HARROGATE (AFP) - Les Britanniques sont "eurosceptiques, mais pragmatiques" et finiront par croire en l’Union européenne, assure dans une interview accordée à l’AFP le chef de file des libéraux-démocrates, Nick Clegg, le plus europhile des candidats aux législatives britanniques du 6 mai.
Il a déjà été député européen, il parle français, espagnol, néerlandais et russe et il dit vouloir rejoindre l’euro "quand les circonstances seront bonnes" : dans cette Grande-Bretagne largement eurosceptique, Nick Clegg est atypique.
Mais cela n’empêche pas le chef des libéraux-démocrates, troisième force politique britannique, de croire pouvoir persuader ses compatriotes des bienfaits de l’Union européenne. "Je pense qu’il y a un scepticisme assez grand, mais les Britanniques sont très pragmatiques", assure-t-il en français.
"Il y a de grands problèmes dans ce monde globalisé qu’on ne peut pas résoudre tout seul : le changement climatique, la criminalité internationale, la réglementation des multinationales, la nécessité de négocier sur un pied d’égalité avec les grandes puissances du monde, les Etats-Unis et la Chine. On ne peut pas le faire tout seul, tout simplement", explique-t-il dans son bus de campagne, à quelques jours du scrutin serré du 6 mai pour lequel il est donné troisième ou deuxième, selon les sondages.
"Je voudrais expliquer que l’idée principale est qu’ensemble, nous sommes plus forts que si nous sommes isolés", dit-il.
Son parti, les Lib Dems, est le seul à parler de l’éventualité d’un abandon de la livre sterling au profit de la monnaie européenne. L’idée n’est même pas débattue par le Labour du Premier ministre sortant Gordon Brown, donné battu par les sondages, et est rejetée comme une hérésie par les conservateurs, placés en position de vainqueurs par les enquêtes d’opinion.
Mais, sachant que le projet est loin d’être populaire, Nick Clegg reste prudent et évoque seulement la "possibilité à long terme" d’adopter l’euro, refusant de fixer une échéance et s’exprimant avec force précautions. "Ce n’est pas possible de fixer un terme en années. Il est impossible de prévoir quand ce sera justifié économiquement. Je ne suggérerai jamais que ce pays entre dans la zone euro, sauf si je suis totalement convaincu que c’est bon pour les emplois, pour la croissance économique, si c’est dans notre intérêt. Ce n’est pas le cas maintenant".
"Ce n’est de toute façon pas une décision que les politiques prendront. C’est la population qui la prendra, à la faveur d’un référendum", tranche-t-il.