Les carnets de notes de l’ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, Ratko Mladic, toujours en fuite, qui viennent d’être remis au Tribunal pénal pour l’ex-Yougoslavie regorgent, selon le bureau du procureur, de nouvelles preuves pour les procès en cours.
LA HAYE (AFP) - Les carnets de notes de l’ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, Ratko Mladic, toujours en fuite, qui viennent d’être remis au Tribunal pénal pour l’ex-Yougoslavie regorgent, selon le bureau du procureur, de nouvelles preuves pour les procès en cours.
"Ces carnets constituent une quantité importante de nouvelles preuves", a déclaré mercredi à l’AFP Olga Kavran, la porte-parole du procureur du TPI, à propos des 18 carnets saisis le 23 février lors d’une perquisition à Belgrade.
Ces "carnets militaires" ont été retrouvés par les services de sécurité serbes dans l’appartement de Bosiljka Mladic, l’épouse du fugitif âgé de 68 ans, inculpé depuis 1995 pour crimes de guerre, contre l’humanité et génocide durant la guerre de Bosnie (1992-1995). Leur découverte avait été gardée secrète.
Le contenu des carnets, rédigés du 29 juin 1991 au 25 novembre 1996, a été scanné et transmis le 29 mars au bureau du procureur Serge Brammertz. Les originaux, 3.500 pages écrites à la main en cyrillique, sont arrivés au TPI à La Haye le 11 mai.
L’accusation dispose de "preuves convaincantes de l’authenticité des carnets militaires", a souligné la porte-parole du procureur. Leur authenticité a par ailleurs été confirmée devant le TPI fin avril par le général Manojolo Milanovic, l’ancien bras droit de Ratko Mladic, selon la même source.
Le bureau du procureur a demandé aux juges du tribunal que le contenu des carnets puisse être utilisé lors de la présentation des charges en cours dans trois procès devant le TPI, dont celui de Radovan Karadzic, l’ancien chef politique des Serbes de Bosnie.
Les carnets de Mladic sont des notes "prises à l’époque", "lors de réunions avec des accusés, des hauts responsables militaires et politiques, et d’autres, durant la guerre en ex-Yougoslavie", assure l’accusation dans une motion.
"Ils racontent tout ce Mladic a fait pendant toutes les années de la guerre : il y a noté ses rendez-vous, les dates, qui il a rencontré et de quoi ils ont parlé", précise à l’AFP une source judiciaire qui a vu ces carnets. "C’est en style télégraphique, pas vraiment rédigé", souligne-t-elle.
Lors de la perquisition à Belgrade, 169 objets au total ont été saisis parmi lesquels environ 120 enregistrements audio et vidéo, des dossiers médicaux, "en cours d’inventorisation par l’accusation", selon la même source.
Lors de sa dernière visite à Belgrade, le 15 mai, le procureur du TPI Serge Brammertz avait noté "de grandes améliorations" dans le travail des services serbes chargés d’organiser et de coordonner l’arrestation de Ratko Mladic, l’un des deux derniers fugitifs recherchés par le tribunal.
L’ancien chef militaire des Serbes de Bosnie est accusé d’être l’un des principaux artisans d’un plan de "nettoyage ethnique" de certaines zones de Bosnie-Herzégovine, aux côtés de Radovan Karadzic.
Les deux hommes sont notamment accusés du génocide de Srebrenica en juillet 1995, au cours duquel 8.000 hommes et garçons musulmans ont été exécutés.