La perspective d’un parlement sans majorité absolue à l’issue des législatives britanniques de jeudi a déclenché les hostilités entre conservateurs, qui revendiquent le droit à gouverner, et les travaillistes qui évoquent la possibilité d’une coalition pour se maintenir au pouvoir
LONDRES (AFP) - La perspective d’un parlement sans majorité absolue à l’issue des législatives britanniques de jeudi a déclenché les hostilités entre conservateurs, qui revendiquent le droit à gouverner, et les travaillistes qui évoquent la possibilité d’une coalition pour se maintenir au pouvoir.
"Bien entendu que nous serions prêts à l’envisager", a déclaré sur Sky News le ministre du Commerce Peter Mandelson, numéro deux du gouvernement, interrogé sur la possibilité d’une coalition avec les libéraux-démocrates, troisième force en situation de jouer les faiseurs de roi.
Les conservateurs ont remporté les législatives de jeudi, avec 305 députés, soit 21 sièges de moins que la majorité absolue de 326 élus à la chambre des Communes, chambre basse du Parlement, selon un sondage sortie des urnes, diffusé notamment par la BBC. Le Labour remporterait 255 sièges et les libéraux-démocrates 61. A eux deux, ces deux derniers partis réuniraient donc 316 députés, ce qui les placerait devant les conservateurs, d’après ce sondage.
Le ministre de l’Intérieur Alan Johnson a assuré qu’il ne voyait "aucun problème" à l’éventualité d’une coalition avec les libéraux. "Je pense que nous avons beaucoup de choses en commun" avec les libéraux démocrates, a-t-il ajouté, évoquant notamment la réforme du mode de scrutin souhaitée par les deux partis.
En l’absence de Constitution écrite, les conventions donnent au Premier ministre sortant, si l’opposition ne réunit pas une majorité absolue contre lui, la possibilité de rester en poste, lui conférant ainsi la priorité dans les négociations pour tenter de former une coalition.
"Ce n’est pas le parti qui a le plus grand nombre de sièges qui essaie (de former un gouvernement) le premier, c’est le gouvernement en place", a rappelé M. Mandelson.
L’ancien ministre travailliste David Blunkett a quant à lui appelé à "unir les forces anti-conservatrices", reconnaissant "avec regret" que le Labour avait "perdu".
Le Premier ministre Gordon Brown ne s’est quant à lui pas prononcé clairement, promettant toutefois de "jouer (son) rôle pour que la Grande-Bretagne ait un gouvernement fort et stable".
Les conservateurs ont immédiatement rejeté un maintien de Gordon Brown, laissant présager des tractations acrimonieuses, à l’issue incertaine, entre les trois partis qui ont dominé la campagne.
"Je pense qu’il n’est pas du tout question que le Labour puisse se maintenir au pouvoir", a tranché George Osborne, porte-parole pour les finances du parti conservateur de David Cameron. Les travaillistes doivent "réaliser" qu’ils ont été victimes d’un "rejet de la part de la population".
Theresa May, porte-parole des conservateurs pour la retraite, a également évoqué "un rejet clair de Gordon Brown". "Je pense que cela montre que le Labour a perdu toute légitimité pour gouverner", a-t-elle déclaré. Le maintien des travaillistes serait "absolument extraordinaire" après "le pire score électoral depuis 1931", a-t-elle estimé.
"Si aucun parti n’a la majorité absolue, aucun parti n’a un droit moral à revendiquer le monopole du pouvoir", a cependant estimé le ministre travailliste des Affaires étrangères David Miliband.
Les libéraux-démocrates n’ont quant à eux pas voulu s’engager sur la possibilité d’une entente, que ce soit avec les travaillistes ou avec les conservateurs. "Nick Clegg (chef de file des Lib Dems) a très clairement dit que nous voulions attendre de voir les résultats. Les électeurs sont les véritables faiseurs de roi", a déclaré sur la BBC le député libéral Ed Davey.
