Une partie de la cocaïne destinée aux consommateurs d’Europe de l’Ouest arrive désormais via des pays d’Europe centrale et orientale, empruntant les "routes des Balkans" sur lesquelles foisonnaient déjà tous les trafics : êtres humains, armes ou héroïne.
PARIS (AFP) - Une partie de la cocaïne destinée aux consommateurs d’Europe de l’Ouest arrive désormais via des pays d’Europe centrale et orientale, empruntant les "routes des Balkans" sur lesquelles foisonnaient déjà tous les trafics : êtres humains, armes ou héroïne.
"Tous les pays d’Europe centrale et occidentale sont concernés", explique à l’AFP Laurent Laniel, expert de l’Observatoire européen des drogues et toxicomanies (OEDT) dont le siège est à Lisbonne.
La cocaïne semble désormais "emprunter les routes dites des Balkans" utilisées de longue date pour le trafic d’opiacés, notamment d’héroïne mais aussi d’êtres humains, d’armes ou de cigarettes entre l’Asie et l’Europe occidentale", ajoute-t-il.
"Les pays baignés par la mer Noire et la Méditerranée orientale comme la Roumanie, la Bulgarie ou la Grèce sont des lieux avérés ou potentiels d’arrivée de chargements maritimes de plusieurs centaines de kilos de cocaïne en provenance d’Amérique du Sud, soit directement, soit via les îles Caraïbes et/ou l’Afrique, notamment occidentale", précise M. Laniel.
Selon les experts d’Europol et de l’OEDT, la mise en place de ce nouvel itinéraire pour la poudre blanche a été favorisée par la libéralisation du commerce dans la région des Balkans, la proximité avec l’Union européenne et la présence de réseaux criminels installés depuis des années.
Si la majorité des chargements de cocaïne acheminés d’Amérique latine continuent à arriver directement en Europe de l’Ouest, Europol a signalé des saisies importantes de poudre blanche dissimulée dans des conteneurs en 2009 dans des ports des Balkans : 1,2 tonne dissimulée dans un chargement de bois à Constanta (Roumanie) venant du Brésil en janvier et en juillet 1.020 bouteilles contenant un mélange de cocaïne et de vin à Varna (Bulgarie) venant de Bolivie.
Ces chargements sont ensuite acheminés vers l’Europe occidentale mais les spécialistes estiment que des quantités assez importantes de poudre blanche sont également stockées dans des pays d’Europe centrale et orientale, notamment en Albanie, avant d’être réacheminés vers l’Ouest. Des laboratoires de seconde extraction ont également été signalés en Albanie et en Moldavie.
Ce nouveau marché est contrôlé par une variété de trafiquants. "En matière de trafic international de stupéfiants, les exclusives se font rares en ces temps de mondialisation où le dicton +l’occasion fait le larron+ semble plus que jamais d’actualité", note M. Laniel.
Des groupes de trafiquants professionnalisés de cette région ou de pays occidentaux, d’Afrique ou d’Amérique latine disposant de contacts dans les pays d’Europe centrale et orientale concernés, semblent impliqués au côté de réseaux "moins professionnels et plus opportunistes", ajoute-t-il.
Ainsi en avril dernier, la justice serbe a inculpé le Serbe Darko Saric, considéré comme un important chef mafieux du trafic de cocaïne dans les Balkans avec 19 autres personnes de son "groupe criminel" pour le trafic "de larges quantités de cocaïne" en Serbie, Europe occidentale et en Amérique latine.
Traditionnellement, si le marché des stimulants illicites est dominé en Europe de l’Ouest par la cocaïne, en Europe du Nord, du Centre et de l’Est les méthamphétamine et l’amphétamine prévalent.
Dans une récente analyse conjointe du marché de la cocaïne en Europe, l’OEDT et Europol s’inquiétaient cependant d’une augmentation du "risque d’une propagation de la consommation de cocaïne dans les pays d’Europe centrale et orientale qui étaient jusqu’à présent relativement épargnés".