A une semaine du premier tour des régionales, Verts et socialistes préparent les négociations de fusion des listes. Et au même moment, Daniel Cohn-Bendit, le leader d’Europe Ecologie, est au centre de deux livres.
Impossible d’échapper à la vague verte. Le récent sondage Abaksys pour Antenne Réunion qui désigne Vincent Défaut (liste Europe Ecologie dans notre île)
troisième homme de ses élections tombe au bon moment. Car hasard du calendrier, l’eurodéputé d’Europe Ecologie (EE), Daniel Cohn-Bendit souhaite la mise en place d’un partenariat avec les socialistes. Des Verts en position de force ? Cohn-bendit l’affirme :
"Oui c’est plus difficile avec des écologistes à 12-13-14-15-16 ou 17%, car c’est l’obligation d’un nouveau partenariat, et le partenariat ça passe par le respect. Nous devons respecter les socialistes et les socialistes doivent nous respecter."
Europe Ecologie dans notre département tiendra t’elle le même discours.
Vanessa Miranville, n°2 sur la liste ne voit que deux ennemis à la Réunion : la droite et l’Alliance :
"Car la droite veut enterrer le projet de train alors que c’est la solution pour changer la façon de se déplacer à la Réunion et rétablir la justice sociale. Quant à l’Alliance, cela fait douze ans qu’on entend les mêmes promesses concernant l’économie et le social et les résultats sont loin d’être satisfaits." Bataille de chiffonnier, qui épargne le PS local mené par un Michel Vergoz, grand adorateur des courses automobiles mais écolo de dernière minute.
Bien loin de nos contrées, à 10 000 km de notre île, le leader charismatique d’Europe Ecologie, Daniel Cohn-Bendit, lancera le 22 mars, au lendemain du second tour, un appel à "inventer une force libérée des structures d’un parti". Un "appel" - après celui de Nanterre en 1968 - pour donner suite à "l’objet politique non identifié, cet objet bicéphale" qu’est Europe Ecologie et qui devrait faire grincer chez les Verts. La date la encore, n’a pas été choisie au hasard : le second tour sera passé et le score d’Europe Ecologie connu.
Cohn-Bendit. Un nom lié à l’histoire contemporaine de la France, qui lui vaut aujourd’hui d’être au centre de deux livres. "Le vrai Cohn-Bendit", d’Emeline Cazi, paru le 4 mars, et "Cohn-Bendit, l’imposture", de Paul Ariès et Florence Leray, à paraître le 11 mars. "Politicien atypique qui fait bouger les lignes et peut changer une élection" pour l’un, "idiot utile du capitalisme vert" pour l’autre.
Dans "Le vrai Cohn-Bendit" où "Dany" se confie comme rarement, sur les femmes de sa vie et son fils Bela, Emeline Cazi, journaliste au Parisien, dresse le portrait d’un "homme qui dérange", du révolutionnaire de Mai 68 exilé en Allemagne à l’artisan du succès du rassemblement "écolo" aux européennes de juin dernier.
Celui qui se verrait bien président du Parlement européen est décrit comme un brin mégalo. Quand les pacifistes assènent que la guerre n’a jamais rien apporté de bon, il répond : "si, moi. Sans le Débarquement des Alliés (en juin 1944), je n’aurais jamais vu le jour".
Mais quand son fils lui dit qu’il est "comme" Nicolas Sarkozy, "Dany" dénombre au moins trois points de divergence avec le chef de l’Etat si on met de côté la politique : soif de pouvoir, détestation des journalistes et intrumentalisation de sa vie privée. Il y raconte aussi ses entretiens "in-im-a-gi-nables-" avec le président au moment de la crise en Georgie : c’est "Sarko en Astérix contre le reste du monde".
Dans un livre à charge intitulé "Cohn-Bendit, l’imposture", Paul Ariès, politologue spécialiste du courant de la décroissance proche du Parti de gauche et Florence Leray, philosophe et journaliste, décrivent, eux, un "chantre de la mondialisation, enfant chéri des médias" qui "allie superficialité et supercherie au bénéfice de son hypernarcissisme".
"En 40 ans, Dany aura parcouru tout l’arc-en-ciel politique français : Dany le Noir a enfanté Dany le Rouge, métamorphosé en Dany le Vert, devenu Dany l’Orange... et il y a fort à parier que nous célèbrerons un jour Dany le Bleu", écrivent-ils dans leur "biographie pamphlétaire", le qualifiant d’"opportuniste" prêt à "nier qu’il existerait une écologie de droite et une autre de gauche".