Le pape Benoît XVI a reconnu mardi, au premier jour de sa visite au Portugal, que l’Eglise était responsable de la crise "terrifiante" provoquée par les scandales pédophiles, jugeant qu’elle payait, par les "attaques" et les "souffrances", pour son propre "péché".
LISBONNE (AFP) - Le pape Benoît XVI a reconnu mardi, au premier jour de sa visite au Portugal, que l’Eglise était responsable de la crise "terrifiante" provoquée par les scandales pédophiles, jugeant qu’elle payait, par les "attaques" et les "souffrances", pour son propre "péché".
Rompant avec la stratégie défensive suivie pendant des mois par de hauts responsables du Vatican, accusant tour à tour "forces" anti-chrétiennes et médias, le pape a estimé que "la plus grande persécution de l’Eglise" ne venait pas d’"ennemis extérieurs", mais du "péché au sein de l’Eglise".
"Les attaques contre l’Eglise et le pape ne viennent pas seulement de l’extérieur, les souffrances viennent de l’intérieur de l’Eglise, du péché qui existe au sein de l’Eglise", a-t-il déclaré dans l’avion qui l’emmenait à Lisbonne.
L’Eglise a "un profond besoin" d’"apprendre le pardon et aussi la nécessité de la justice", a encore dit Benoît XVI soulignant que "le pardon ne remplace pas la justice" pour les victimes des crimes pédophiles.
Des dizaines de milliers de personnes, la plupart d’entre elles ignorant les dernières déclarations papales, l’attendaient, massées le long de son parcours prévu dans la ville comme aux abords des lieux de cérémonies.
"Vive le pape", criaient les fidèles, parmi lesquels de nombreux jeunes, au passage de la papamobile comme devant le monastère des Jeronimos, où les Portugais avaient appelé à venir souhaiter la "bienvenue" au pape.
Après la tourmente des derniers mois, le pape espère trouver dans ce pays de forte tradition catholique le soutien et le réconfort des ouailles, notamment à l’occasion des trois grand-messes en plein air, prévues pendant son séjour de quatre jours.
En dehors d’un voyage éclair mi-avril sur la petite île de Malte, c’est en effet la première fois, depuis le début du scandale pédophile en novembre, que Benoît XVI teste, hors du Vatican, la fidélité de ses ouailles.
Mercredi en fin d’après-midi, jusqu’à 160.000 personnes, selon l’épiscopat local, pourraient venir écouter son homélie sur le Terreiro do Paço, place emblématique du Portugal.
C’est de cet immense terre-plein que sont parties, au 15è siècle, les premières grandes caravelles du royaume avec pour mission de découvrir le monde et des routes commerciales mais aussi, comme l’a rappelé le président portugais Anibal Cavaco Silva, d’"apporter la foi catholique à de nombreux peuples".
Depuis le Portugal a beaucoup changé et s’apprête à autoriser le mariage homosexuel, trois ans seulement après avoir légalisé l’avortement.
Pour autant, le gouvernement socialiste n’a pas ménagé son soutien à cette "visite d’Etat" et a accordé, malgré la crise budgétaire, un congé exceptionnel aux fonctionnaires de Lisbonne pour leur permettre d’y assister.
Jeudi, les agents de l’Etat, à travers tout le pays, seront de nouveau en congé pour pouvoir participer aux célébrations de Fatima, symbole du Portugal catholique.
Benoît XVI, lui-même, a rappelé que la ville-sanctuaire était sa "principale destination, à l’occasion du dixième anniversaire de la béatification des petits bergers Jacinta et Francisco".
Le 13 mai 1917, ces deux enfants de 7 et 10 ans et leur cousine Lucie auraient, selon l’Eglise, vu la Vierge qui leur aurait ensuite révélé, au cours de nouvelles apparitions, des "secrets" jugés prophétiques de l’histoire du 20è siècle.
Benoît XVI quittera le Portugal vendredi après-midi après une dernière messe en plein air, à Porto.