Mike Corder/AP/SIPA
Une enquête menée par l’agence européenne de police criminelle et la police de huit pays européens, dont la France, a permis de mettre au jour ce phénomène inquiétant.
Des réseaux criminels utilisent de très jeunes adolescents, parfois âgés seulement de 12 ou 13 ans comme tueurs à gages pour le trafic de drogues.
Sous la coordination d’Europol, huit pays européens, dont la France, mènent actuellement une opération d’envergure contre des réseaux criminels. Ces derniers engagent des enfants pour exécuter des assassinats. L’alerte est grave : des préadolescents ayant à peine une dizaine d’années ont été reconnus comme de potentiels tueurs à gages.
L’affaire a été révélée par France Inter ce vendredi. Au cours des derniers mois, certains de ces préadolescents ont été interceptés avant de passer à l’acte. Les forces de l’ordre européennes ont mis en place une Task Force spéciale pour démanteler rapidement ces réseaux et identifier leurs commanditaires. L’enquête a notamment été déclenchée suite à l’assassinat d’un chauffeur VTC à Marseille le 4 octobre 2024 par un adolescent de 14 ans recruté sur internet.
Les recherches montrent que ces jeunes sont repérés sur les réseaux sociaux et les jeux vidéo en ligne. Leurs profils sont ciblés via des algorithmes, avant d’être approchés dans des salons privés. Là, les propositions s’enchaînent : missions dangereuses, promesses de récompenses, défis à relever.
Jean-Yves Goriou, chef de l’unité Crime organisé à Europol, décrit un « système rodé ». Des contrats sont proposés comme s’il s’agissait de jeux. En échange, ils perçoivent quelques milliers d’euros. Pour les chefs de ces réseaux criminels, ces mineurs sont des « missiles à bas coût », à faible risque judiciaire.
Le phénomène n’est pas isolé. En Suède, un adolescent de 15 ans a été arrêté alors qu’il séjournait en Espagne, à Malaga. Il est soupçonné d’avoir embrigadé plusieurs jeunes. Le jeune garçon travaillait pour le compte d’un réseau suédois.Les enquêteurs l’accusent d’utiliser les mêmes techniques d’endoctrinement que les recruteurs djihadistes.
D’après une source proche du dossier relayé par France Inter, près de 30 jeunes, dont plusieurs filles, ont été repérées ces derniers mois. Deux d’entre elles ont été arrêtées à une frontière de l’Union européenne. Elles venaient de recevoir une arme et des billets de train pour accomplir leur mission.